Deux nouveaux spectacles, l'un filé dans la tragédie sociale et l'autre dans la comédie musicale ont été présentés mercredi soir au théâtre régional de Bejaia, en marge des festivités célébrant le 58ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale et la 2ème édition du Festival international de théâtre de Béjaïa. Bien que déroulées dans deux genres différents, les deux pièces se retrouvent sur des ressemblances thématiques, facilement superposables, entre autres, les rivalités, les dualités sociales et les conflits. "On aurait pu mettre l'une dans l'autre, en optant pour un seul fil rouge", a commenté, à cet égard, un spectateur, dont la préférence est allée sans ambages à la comédie musicales qui, à son avis, "en plus d'être subtilement bavarde, a été fortement distrayante". Cette dernière, signée Bazou, musicien attitrée du T.R.B, présentée sous le titre de "1930", a laissé ostensiblement flotter un air de Broadway. A cette différence, que l'espace n'avait rien d'un musical, mais avait pour théâtre, la Casbah d'Alger, bien avant le déclenchement de la guerre de libération, et qui déjà, couvait et forgeait bien des vocations patriotiques et révolutionnaires. Bien que subissant les pires affres du colonialisme, ses habitants, tout en s'insurgeant et en s'organisant pour préparer la lutte armée, n'oubliaient pas de vivre. Et quoi de mieux pour le faire, sinon en s'épanchant et en chantant. La chronique, tragique dans son déroulement, l'un des héros de la pièce a dû être passé par les armes pour son activisme, a cependant fortement été adoucie par la volupté des morceaux de musiques et l'entrain des chorégraphies qui l'ont soutenue. Dans ce registre clivant, Kaddour Naimi, dans "tendresse, les enfants" a plutôt choisi le style direct, s'épargnant les paraboles et les métaphores pour offrir "un Roméo et Juliette" à l'Algérienne, qui commence mal mais finit bien, sans faire de victime. La trame, à ne pas s'y méprendre, emprunte beaucoup au chef d'œuvre de Broadway, West Side story, dépeignant la haine entre communautés socialement antagoniques, et la guerre des gangs qui les oppose. Naimi met en conflit les habitants de deux quartiers, les tigres et les colombes, dont deux membres, Chafik et Houria, que tout sépare vont tomber éperdument amoureux. Mais leur idylle passe mal, confrontée à une haine terrible qui a failli à force d'intrigue les emporter tous les deux. Mais dans un grand moment de sagacité, les deux camps finissent par se concilier et autoriser, par conséquent l'union. "Une chute" tout en espoir : le triomphe de l'amour. Filée dans la forme du "théâtre cinématographique" la pièce a privilégié l'action au dialogue, avec un rythme de scène court, et un jeu des comédiens sobre.