3,7 % Algériens souffrent de bronchopneumopathie chronique obstructives (BPCO), a indiqué dimanche à Alger, le président de la Société algérienne de Bronchopneumopathie et chef de service en pneumopathie au CHU de Mustapha Pacha, le Pr Salim Nafti. "3,7% des Algériens sont atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive, maladie chronique en nette progression en Algérie et qui touche d'avantage les fumeurs", a précisé le Pr Nafti, en marge d'une conférence de presse, marquant la célébration de la journée mondiale de la BPCO. Ce chiffre apparaît dans une étude (breath), épidémiologique et observationnelle, initiée par les laboratoires GSK, qui a concerné la région de l'Afrique et du Moyen-Orient. Pour l'Algérie un échantillonnage de 3714 individus a été questionné par téléphone (call center) sur d'éventuels symptômes bronchiques chroniques. Parmi ce nombre, 500 ont bénéficié de consultations médicales et 300 d'entre eux sont suivis pour des troubles pneumopathiques. La BPCO est une maladie chronique des bronches qui se manifeste par des toux chroniques, expectorations (crachas) et dyspnée. Elle est considérée comme la 4e cause de mortalité dans le monde. Les fumeurs sont les plus touchés par cette affection à partir de 40 ans chez lesquels la maladie se développe progressivement et insidieusement jusqu'à perturber fortement leurs respirations. La nicotine présente dans le tabac. Elle agresse les bronches qui s'épaississent et s'obstruent avec l'âge, conduisant à des difficultés respiratoires. Le fumeur qui ressent ces symptômes devrait consulter systématiquement pour déceler une potentiel BPCO et stopper sa progression, a conseillé le Pr Nafti. "Les simples gestes du quotidien peuvent devenir une véritable prouesse, aux stades avancés de cette pneumopathie", a-t-il fait savoir. Pour sa part, le Pr Sami Taghit, du CHU Lamine Debaghine, a axé sa présentation sur les conséquences néfastes de cette maladie. Plus de la moitié des patients atteints de BPCO sont à "un stade de haute gravité conduisant à un arrêt de travail, à une comorbidité (affections cardiovasculaire...)", explique-t-on dans l'étude. La maladie a de grandes répercutions socio-économiques sur le malade et son entourage, et ce à travers l'handicap qu'elle engendre, a relevé l'étude. Le Pr Taghit a insisté sur l'éducation et la prévention pour sensibiliser, entre autres, les citoyens sur les dangers de la cigarette, responsable de 25 pathologies. Les spécialistes présents lors de cette journée s'accordent à dire que la maladie est "très grave du fait de son caractère irréversible", sachant qu'une fois les symptômes installés, la progression de la maladie sera inévitable. "A raison d'un paquet de cigarette par jour durant dix ans, le fumeur est un candidat potentiel au développent de cette maladie respiratoire", a alerté le Pr Nafti. L'étude montre que le taux de fumeur, parmi les personnes questionnées est de 30% avec 45% d'hommes et 13 % de femmes. Toutefois, le tabac n'est pas le seul facteur incriminé dans cette pathologie. Les solvants de nettoyage, les polluants et les fumées dégagées de la combustion du charbon sont aussi des agents responsables de la BPCO, selon les spécialistes. Le meilleur moyen pour diagnostiquer cette pneumopathie après la clinique est le spiromètre qui mesure la fréquence respiratoire du patient. En ce sens, les médecins présents lors de cette rencontre ont appelé à généraliser ce type d'appareil dans les centres de soins pour faciliter la prospection aux médecins. Les traitements actuels ne sont pas curatifs, mais empêchent uniquement la progression de la BPCO. Le consensus thérapeutique consiste en la prescription de bronchodilatateurs qui aident à dégager les bronches. En Algérie, les extracteurs d'oxygène qui sont plus pratiques pour les malades que les obus d'oxygène n'existent pas encore sur le marché, a-t-on fait savoir. Les participants à cette rencontre ont recommandé la mise en place d'un programme de prise en charge des pneumopathies qui consistent en un consensus thérapeutique résumé dans un "guide national". Ils ont aussi plaidé pour une formation continue pour les médecins et une éducation thérapeutique pour les malades. Certains médicaments n'étant pas remboursés, les spécialistes ont appelé à un remboursement des médicaments à 100 % par la Sécurité sociale.