Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a qualifié dimanche le retrait des rebelles du M23 de Goma, dans l'est du pays, d'"un pas vers la bonne direction", après dix jours de forte mobilisation internationale et d'une médiation des pays voisins des Grands Lacs. "Nous avons effectivement constaté ce retrait. Nous disons que c'est un pas vers la bonne direction," a déclaré le porte-parole du gouvernement de RDC, Lambert Mende, dans la première réaction publique du gouvernement au repli des rebelles. "Nous pensons que la voie est ainsi ouverte pour les autres voies du processus qui doivent conduire a la pacification totale," a poursuivi le porte-parole du gouvernement dimanche. Ces autres voies impliquent un "désarmement du M23", qui va commencer "incessamment", a-t-il ajouté. Un peu plus de 160 policiers sont arrivés dimanche matin au port de Goma, en provenance, via le lac Kivu, de la ville de Bukavu, à une centaine de km plus au sud. Ils sont venus s'ajouter à un contingent de policiers arrivés dès vendredi et dont la mission est de "sécuriser" Goma après le départ du M23. En une quinzaine d'années, l'est de la RDC, où sévissent de nombreuses milices et rébellions, a déjà été le théâtre de deux guerres régionales, impliquant jusqu'à sept pays africains, dont le Rwanda et l'Ouganda, qui cette fois encore sont accusés, malgré leurs démentis, de soutenir le M23. Samedi, un convoi d'une quinzaine de véhicules transportant des centaines d'hommes du M23 et leur matériel militaire a quitté Goma pour prendre la direction des positions que la rébellion occupait plus au nord, avant de lancer son offensive. Un peu plus tôt, les rebelles avaient quitté le poste-frontière principal avec le Rwanda. A la "Grande barrière" qui sépare Goma de Gisenyi la Rwandaise, des policiers congolais, qui font partie d'un contingent arrivé vendredi pour sécuriser Goma après le départ des rebelles, ont déjà pris le relais. Geoffrey Muheesi, un membre ougandais d'un mécanisme de vérification régional, chargé notamment d'observer le retrait de la rébellion, s'est dit samedi "totalement satisfait" du déroulement de l'opération. "Ils se retirent complètement," a-t-il assuré. Vendredi, des centaines de soldats du M23 avaient déjà quitté la ville de Sake, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Goma, et ses environs. La rébellion du M23 a accepté cette semaine de se retirer des zones fraîchement conquises en échange de l'ouverture de négociations avec le président de RDC, Joseph Kabila. Le M23, est composé d'ex-rebelles essentiellement tutsi congolais, qui avaient été intégrés à l'armée de RDC en 2009 à l'issue d'un accord de paix avec Kinshasa. Ils se sont mutinés il y a environ huit mois, estimant que le gouvernement n'avait jamais pleinement respecté ses engagements. Les mutins refusent notamment toute mutation hors de leur région du Kivu afin, disent-ils, de protéger leurs familles et les membres de leur communauté qu'ils estiment en danger. Depuis leur marche sur Goma, leurs revendications se sont élargies sur le plan politique, allant jusqu'à remettre en question la légitimité du président Kabila. Le retrait des rebelles de la capitale du Nord-Kivu, une province stratégique pour ses ressources minières, allège peut-être pour un temps, disent certains analystes, la pression sur le pouvoir de Kinshasa. Cette semaine, le chef politique de la rébellion, Jean-Marie Runiga, a laissé entendre que l'administration de Goma resterait, au moins en partie, aux mains du M23. Aux termes de la médiation des Grands Lacs, le M23 va même pouvoir poster une centaine d'hommes à l'aéroport de Goma, qui sera ainsi contrôlé par une force multipartite composée aussi de la mission de l'ONU en RDC (Monusco), de l'armée congolaise et d'un contingent tanzanien déployé comme force neutre.