Le commandant des Forces américaines en Afrique (Africom), le général Carter Ham, a réaffirmé à Washington que la négociation était la meilleure solution pour résoudre la crise malienne, en mettant en garde contre une intervention militaire précipitée. "La négociation est la meilleure voie'' pour résoudre le conflit au Mali, a déclaré le général Ham qui intervenait, lundi, devant le Think tank américain ‘'Homeland Security Policy Institute'' lors d'un débat sur la lutte contre le terrorisme en Afrique. En outre, il a prévenu que dans le cas où une intervention militaire deviendrait nécessaire, ‘‘elle doit absolument réussir et ne doit pas être lancée prématurément" pour déloger les terroristes du nord malien. Pour le général Ham qui a, à son actif, une quarantaine d'années d'expérience dans l'armée américaine, une attaque militaire mal préparée et menée dans la précipitation au Mali ''sera non seulement vouée à l'échec mais ne fera qu'empirer la situation.'' Il a également relevé des obstacles auxquels une force africaine serait confrontée pour tenter d'éliminer les groupes terroristes sévissant dans le nord malien. Sur ce point, le patron d'Africom a indiqué que la plupart des armées africaines, susceptibles de participer à une telle opération, avaient été largement formées et équipés pour des missions de maintien de la paix, et non pour des opérations offensives. Qui plus est, a-t-il poursuivi, le terrain désertique de la région, les vastes distances et la probabilité d'un conflit prolongé posent également des défis importants à une force africaine, ainsi qu'aux militaires occidentaux qui joueraient un rôle de soutien. Il a souligné, néanmoins, qu'à chaque jour qui passe, ‘‘Al-Qaïda et d'autres groupes renforcent leur emprise dans le nord du Mali". Selon lui, ‘‘il y a une nécessité impérieuse pour la communauté internationale, dirigée par les Africains, de faire face à la crise au Mali qui est un défi particulier pour le moment'', mais tout en privilégiant la négociation. Evoquant les groupes terroristes qui activent en Afrique, il a observé que ''les liens idéologiques'' entre ces derniers étaient devenus des ‘‘liens opérationnels'', en citant Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Al-Shabab en Somalie et Boko Haram au Nigeria. ‘‘Nous avons des indications claires sur la collaboration entre ces organisations'', a-t-il affirmé. A titre d'exemple, il a cité les militants de Boko Haram qui s'étaient rendus au nord du Mali pour y recevoir une formation de l'AQMI, ainsi que de l'argent et des armes. "Il y a des liens, des réseaux, une collaboration et une synchronisation qui se développent de plus en plus entre les différents groupes terroristes qui constituent la plus grande menace à la stabilité régionale et, de façon plus générale, à travers l'Afrique, et certainement à l'Europe et aux Etats-Unis", a-t-il précisé. Par ailleurs, il a expliqué que la lutte contre les groupes terroristes en Afrique en général ne devrait pas être limitée à l'aspect militaire. ‘‘L'action militaire est un élément essentiel mais non décisif dans la lutte contre l'idéologie qui pousse des gens de la région à soutenir les branches d'Al-Qaïda'', a-t-il soutenu. A ce propos, il a expliqué que la lutte contre le terrorisme devait surtout être traitée par des solutions couvrant les dimensions économique et de développement, de gouvernance et de l'aide humanitaire. Dans son intervention, M. Ham a également abordé le rôle et les missions d'Africom qui avait été créé en 2007. Selon lui, le commandement régional qu'il dirige a des carences en matière de renseignement humain en Afrique en raison des défis géographique, linguistique et culturelle, précisant que le Pentagone cherche des moyens d'augmenter largement sa capacité humaine de collecte de renseignements.