Le professionnalisme dans le football algérien a été lancé "dans la précipitation" ce qui explique les problèmes rencontrés actuellement par les clubs, ont estimé unanimement d'anciens joueurs et dirigeants ayant pris part mercredi au forum du journal "Echaab" consacré aux "50 ans du football algérien". "Le professionnalisme ne se décrète pas mais se construit et c'est cela qui a causé le mauvais départ de ce projet ambitieux", a souligné à ce titre l'ex-joueur de l'USM Alger et secrétaire général de la Fédération algérienne de football (FAF), Reda Abdouche, précisant que les clubs algériens "novices dans ce domaine, sont en train de patiner". Deux championnats professionnels (Ligue 1 et 2) ont été lancés par la FAF en 2010 et 32 clubs se sont retrouvés propulsés au statut professionnel, sans une profonde réflexion et une période d'apprentissage puisque le professionnalisme exige plus de rigueur dans la gestion. "Les sociétés sportives par action (SSPA) qui sont gérées par le code du commerce, fonctionnent maintenant d'une manière illégale par rapport aux dispositions réglementaires. Aucun club ne paye l'impôt sur le revenu global (IRG), ces facilités ne peuvent durer éternellement. Nos clubs n'ont pas le réflexe de commercialité", a-t-il déploré. De son côté, l'ancien ministre de la Jeunesse et des sports, Sid Ali Lebib, pense que cette expérience est née dans un environnement économique défavorable. "Nous étions contraints d'entrer dans le monde du professionnalisme malgré un climat économique défavorable à la réussite de ce projet. L'implication des entreprises économiques ainsi que les chaînes TV avec l'ouverture prochaine dans le champ audio-visuel sont inévitables pour un démarrage effectif du processus de professionnalisation de notre football", a précisé Lebib. "J'appelle à une séparation totale entre le football amateur et professionnel : le football amateur c'est pour le plaisir et la massification et le football professionnel exige les performances sportives et économiques", a-t-il ajouté. D'autre part, l'ancien joueur de la glorieuse équipe du FLN, Mohamed Maouche, regrette l'"état d'esprit" des joueurs orienté principalement vers le côté matériel du football. "Le football algérien va mal. Les joueurs ne pensent actuellement qu'à l'argent. La notion de l'amour du club, de la défense de ses couleurs a complètement disparu. Prenez l'exemple des matches derbies qui ont perdu leur saveur", a déploré l'ancienne star du stade de Reims. Dans le même registre, l'ancien joueur de la JS Kabylie, Miloud Iboud, estime que la formation est l'"enfant pauvre" du football en Algérie. "Il est temps de tirer la sonnette d'alarme. Le football algérien est en danger. Nous sommes en train d'ignorer la formation qui est un élément incontournable pour la réussite", a-t-il dit, affirmant qu'"on est dans une situation floue : ni amateurisme, ni professionnalisme". "On ne peut parler de clubs +pros+ sans des centres de formation qui permettront d'abord la pérennisation du système dans l'objectif de diminuer les charges à moyen terme dans un premier temps, puis récolter les premiers fruits du travail entamé", a enchaîné Abdouche. Enfin, l'ancienne coqueluche du CR Belouizdad, Mokhtar Kalem, estime que les joueurs des années 60, 70 et 80 ont "beaucoup donné" pour le football algérien. "A notre époque jouer pour des clubs comme le CR Belouizdad, le MC Alger, la JS Kabylie, l'USM Alger ou l'Entente de Sétif représentait un honneur. Maintenant les joueurs ne reconnaissent que le langage de l'argent. Excusez-moi du terme mais on a affaire parfois à des mercenaires pas à des footballeurs", a-t-il regretté. Le Forum du quotidien "Echaab" a été marqué par la présence de plusieurs anciens joueurs : Mohamed Maouche, Abdelhamid Zouba, Mokhtar Kalem, Mohamed Kaci Said et Miloud Iboud, D'anciens dirigeants ont également pris part à ce rendez-vous tels que Reda Abouche, Sid Ali Lebib et Djaafar Yefsah, en présence d'une trentaine d'étudiants invités par les organisateurs.