Le dossier malien a connu un nouveau développement avec l'annonce, avant-hier à Ouagadougou, d'une entente entre les autorités de Bamako et les groupes armés, occupant le Nord, sur l'ouverture d'un «dialogue» basé notamment sur le respect de l'intégrité territoriale du Mali pour régler la crise dans ce pays. une délégation du gouvernement malien et des émissaires d'Ançar Eddine, l'un des groupes qui contrôlent le nord-malien, et du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg), se sont engagés à des négociations basées aussi sur le rejet de «toute forme d'extrémisme et de terrorisme». Après avoir été reçus par le médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le président Blaise Compaoré, les acteurs de la crise malienne ont convenu «d'observer une cessation des hostilités» et «ont reconnu la nécessité de créer un cadre de dialogue inter-maliens inclusif», selon le communiqué final. Ils se sont également entendus sur le «respect des droits de l'homme, de la dignité humaine, des libertés fondamentales et religieuses», comme préalable au dialogue. Les envoyés de Bamako ont réitéré que «la laïcité est un préalable aussi à l'ouverture du dialogue». De son côté, Ançar Eddine a annoncé renoncer à imposer la charia dans tout le Mali et exige jusque-là de pouvoir la faire appliquer dans les zones sous son contrôle. Quant au MNLA, il a cessé officiellement de réclamer l'indépendance pour ne plus plaider que le droit à «l'autodétermination», selon le chef des émissaires du MNLA, Mahamadou Djeri Maïga, après la rencontre à trois dans la capitale burkinabée. Parallèlement aux efforts visant à trouver une solution «négociée» au conflit au Mali, les Nations unies s'apprêtent à se prononcer ce mois-ci sur la question de l'envoi d'une force militaire étrangère dans ce pays, une option prônée par la Cédéao, mais critiquée par plusieurs pays et par l'ONU même. Dans son dernier rapport adressé le 28 novembre au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait mis en garde contre les risques d'un recours à la force sur la situation humanitaire et les chances d'une solution politique. Il avait considéré qu'une intervention militaire dans le nord du Mali serait «sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes» des groupes armés. Le rapport de M. Ban a été vivement critiqué par les dirigeants africains : le Conseil des ministres de la Cédéao a lui déploré un «déphasage» de l'ONU par rapport à «l'urgence» à agir au Mali. La Cédéao plaide toujours l'option militaire Le président nigérien Mahamadou Issoufou et son homologue malien Dioncounda Traoré ont, eux aussi, déploré «un recul d'autant plus regrettable que les conditions d'existence des populations vivant sous le joug des groupes terroristes étrangers» dans le nord du Mali se sont «considérablement dégradées», selon un communiqué publié à l'issue de leur rencontre dimanche dernier à Niamey. Le chef de l'Etat béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l'Union africaine, et le président tchadien Idriss Deby ont, de leur côté, lancé hier «un appel» à l'ONU pour qu'elle autorise «d'urgence» le déploiement de cette force (3300 hommes), approuvée par la Cédéao le 11 novembre. Pour sa part, le président de la Cédéao, le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, a lui aussi plaidé en faveur de l'adoption «urgente» d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU pour permettre une intervention armée dans le nord du Mali dès le premier trimestre 2013. Pour M. Ouattara, qui a lui-même pu accéder au pouvoir grâce au soutien de la Cédéao et à l'intervention militaire de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) et à la force française Licorne, qui avait pour but de détruire les armes du camps de Gbagbo - «l'intervention militaire est indispensable et urgente». «Si nous avons une résolution en décembre, nous espérons organiser cette intervention dans le premier trimestre», a déclaré hier à radio Europe 1 le président ivoirien qui a exclu d'attendre «trois-quatre mois» alors que l'émissaire de l'ONU pour le Sahel, Romano Prodi, a exclu récemment une telle intervention avant l'été prochain. Par ailleurs, M. Ouattara a qualifié la situation dans le nord du Mali «d'inacceptable» et appelé à une aide de l'Union européenne (UE) car, selon lui, «il faudra beaucoup de moyens financiers pour faire cette intervention militaire». L'UE a souhaité, de son côté, «un cadre crédible pour des négociations Nord-Sud» en vue d'une «solution durable» au Mali. Elle a donné son accord de principe pour dépêcher dans ce pays une mission de 250 formateurs chargés d'y entraîner quatre bataillons de 650 soldats maliens, en vue de l'intervention dans le Nord. Des formateurs qui seraient déjà en place afin de préparer les militaires sur place, en vue de la préparation d'une opération militaire d'envergure après l'été 2013, et ce, sans la participation directes des armées étrangères.