Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des pays membres de la Cédéao, qui ont réaffirmé leur soutien au Mali pour la reconquête de la partie nord de son territoire occupée par des groupes islamistes armés, demeurent suspendus à un accord de l'ONU, dont une réunion sur le sujet est prévue le 26 septembre. Faisant le jeu de la France, qui fait d'une intervention militaire au Mali son cheval de bataille, la Cédéao a étudié lundi à Abidjan le déploiement d'une force au Mali pour aider à la reconquête du Nord, occupé par des groupes islamistes armés. Le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, a déclaré à l'issue des travaux : “Nous avons réaffirmé notre volonté de soutenir et d'encourager le Mali dans ses efforts visant à la reconquête légitime de son intégrité territoriale", tout en soulignant que “la tâche est immense mais pas impossible". Ceci étant, la réunion aura permis aux ministres d'examiner les propositions des chefs d'état-major de la Cédéao, avant de rendre compte à leurs chefs d'Etat qui répondront formellement dans les jours à venir à la demande d'aide formulée début septembre par le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré. “L'heure n'est plus aux tergiversations, mais à l'action concertée (...). Il faut agir face à l'inacceptable et face aux criminels de toute sorte qui occupent le Nord-Mali", a insisté le président de la commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, tout en formulant l'espoir d'“une solution pacifique et négociée de la crise". Dans sa demande d'aide, le président malien Dioncounda Traoré prend soin de préciser que “le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet" à Bamako, conformément au vœu de l'ex-junte militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré. Bamako ne veut pas que des troupes ouest-africaines combattent, mais qu'elles apportent un soutien logistique et aérien, ainsi qu'une participation au maintien de l'ordre, une fois les villes du Nord reconquises. “Le Conseil de sécurité, voyant que cette opération n'est pas prête, ne l'a pas autorisée. Or le feu vert de l'ONU est une condition sine qua non", souligne un diplomate occidental, alors qu'une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, est prévue le 26 septembre à New York. Aussi, il ne faut pas oublier que les pays africains ne sont pas nombreux à répondre à l'appel pour l'envoi de soldats. Les présidents sénégalais et mauritaniens, qui ont exprimé lundi à Nouakchott “leurs profondes préoccupations", ont fait savoir qu'ils n'enverraient pas de troupes, alors que la Mauritanie connaît bien la situation au Nord-Mali, où son armée a mené en 2010 et 2011 plusieurs raids contre des bases d'Aqmi. Par ailleurs, le secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a appelé lundi les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale à soutenir les efforts des Nations unies dans le développement d'une stratégie régionale intégrée pour le Sahel, telle que requise dans la résolution du Conseil le 5 juillet dernier. “Les menaces et les défis dans la région ne connaissent pas de frontières ni de domaines, et leurs solutions doivent être l'objet d'une action coopérative et globale", a-t-il plaidé. Il a insisté sur le fait que les frontières des Etats de la région, longues et poreuses, facilitent les activités de la criminalité transnationale organisée et des groupes terroristes, en particulier dans les zones isolées et faiblement administrées, de même que les trafics d'armes, de drogue et de personnes. Sur sa lancée, Jeffrey Feltman a expliqué qu'“associées aux effets de la poursuite du conflit armé interne, ces différentes menaces sapent le développement économique de pays dont l'indice de développement humain est l'un des plus faibles du monde". M T