La CPI (Cour pénale internationale) demeure étrangement muette sur les accusations portées contre Israël pour sa politique criminelle vis-à-vis des Palestiniens, alors même qu'il est lié par les conventions de Genève sur la protection des populations vivant sous occupation. Et c'est pourtant le cas, malgré cette bien étrange gymnastique à laquelle se livrent bien des Etats et des institutions pour faire de la question palestinienne un conflit classique, débouchant, comme c'est le cas actuellement, sur des assaillants palestiniens et des victimes israéliennes. Une aberration et aussi une injustice commises contre les Palestiniens. Alors que ces institutions, fortement interpellées, se perdent en conjectures, un homme entend briser ce mur du silence, même s'il est interdit d'accès en Israël et dans les territoires palestiniens malgré son statut de haut fonctionnaire de l'ONU, et que son travail se voit accuser de partialité par l'administration de son propre pays. Il s'agit des Etats-Unis qui ont accusé, lundi dernier, l'expert de l'ONU, Richard Falk, d'être « partial » pour avoir réclamé une enquête sur l'agression israélienne contre la bande de Ghaza en janvier, en invoquant des « raisons » de croire qu'il s'agissait d'un crime de guerre. Dans son rapport, devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le rapporteur spécial sur la situation dans les territoires palestiniens, Richard Falk, appelle à une « enquête d'experts » pour déterminer si, étant donné le contexte, il était possible aux Israéliens de distinguer entre cibles militaires et population civile. « Si ce n'était pas possible, alors l'offensive est par nature illégale et constitue un crime de guerre de la plus grande ampleur », écrit-il. Les Etats-Unis sont conscients qu'ils ne pourront pas empêcher une enquête, a reconnu un porte-parole du Département d'Etat. Mais « si ce genre d'enquête doit se produire, elle doit être impartiale », a-t-il précisé. « Elle doit prendre en compte la situation sur le terrain et les réalités, et partir de là. » Et très justement, Richard Falk entend laisser la place à une « enquête d'experts » détruisant au passage une thèse soutenue par quelques Etats, malgré son caractère absurde, en affirmant qu'Israël « n'était pas en situation de légitime défense » au moment où il a déclenché son agression le 27 décembre dernier et « n'a pas voulu prolonger le cessez-le-feu que lui proposait le Hamas ». L'expert de l'ONU relève que le cessez-le-feu observé par les deux parties, de juin à novembre 2008, a constitué « la période la plus sûre » pour Israël en terme de menaces, malgré les tirs de roquettes palestiniens sur le sud de son territoire. A ce sujet, M. Falk a également dénoncé les tirs du Hamas sur des civils israéliens ainsi que « l'utilisation présumée d'enfants et de civils comme « boucliers humains ». « Les pratiques du Hamas, soupçonnées de constituer des crimes de guerre, doivent également faire l'objet d'une enquête », insiste-t-il. Mais selon M. Falk, il est « indispensable » de considérer le mouvement palestinien « comme un acteur politique et non comme une organisation terroriste », faute de quoi « la réalité » du conflit israélo-palestinien « se perpétue d'elle-même » quoi que fasse le Hamas. D'après les chiffres palestiniens cités par M. Falk, 1434 Palestiniens ont été tués pendant les 22 jours de conflit, du 27 décembre au 18 janvier, dont 960 civils, 239 officiers de police et 235 militants ou combattants. Pendant la même période, 13 Israéliens ont été tués et 200 autres blessés.