Le déluge de feu se poursuit sur Ghaza, des innocents continuent d'être brûlés par des bombes phosphoriques et Israël, sans empressement aucun, annonce que son offensive pourrait entrer dans sa phase finale. Durant ce temps, des chefs d'Etat membres de la Ligue arabe auxquels se sont joints le président Iranien et le président sénégalais -président en exercice de l'Organisation de la conférence islamique (OCI)- et d'autres représentants de l'Indonésie et de la Turquie comme observateurs tentent, autour d'une grande table ronde, de trouver un moyen d'arrêter le massacre de Ghaza. Baptisée «Sommet extraordinaire de Ghaza», la rencontre de Doha n'a pas réuni autour d'elle le consensus des présidents arabes. Des sièges sont restés vides, y compris celui de la Palestine, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ayant préféré ne pas faire le déplacement. Khaled Mechaal, qui a répondu à l'appel du Qatar, a annoncé que le Hamas n'acceptera pas les conditions d'Israël pour une trêve tout en maintenant sa proposition d'un cessez-le-feu d'un an en échange d'un retrait des troupes israéliennes de la bande de Ghaza et de la suspension du blocus imposé à l'enclave. L'Egypte, le premier pays arabe à rejeter la rencontre de Doha, demande au Hamas de revenir une deuxième fois pour discuter du plan égyptien après avoir reçu les conditions des Israéliens pour un cessez-le feu. La proposition égyptienne est faite alors que des secouristes récupéraient hier 23 corps sous les décombres dans un des quartiers de Ghaza dévasté la veille par de violents bombardements et que l'entrepôt de l'agence de l'UNRWA (l'aide aux réfugiés palestiniens) était en feu après avoir été touché par des obus israéliens. Des dizaines de tonnes d'aide humanitaire ont été détruites. Le bombardement a été condamné par la communauté internationale, par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, et par Martin Palous, l'ambassadeur tchèque, au nom de l'UE. Mais Israël poursuit ses opérations militaires sans se préoccuper de la communauté internationale. Son armée de l'air a frappé 40 cibles présumées du Hamas, dont des hôpitaux et un bâtiment de l'ONU abritant la presse. L'Assemblée de l'ONU, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, a décidé alors d'une réunion d'urgence, à la demande du Mouvement des non-alignés (118 Etats membres sur 192), dans le but d'exiger le respect de l'appel au cessez-le-feu lancé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1860. Miguel d'Escoto, le président de l'Assemblée, a d'ailleurs énuméré les violations du droit international par Israël en énumérant : «Punition collective, usage disproportionné de la force et attaque de cibles civiles, dont des maisons, des mosquées, des universités et des écoles.» Mais la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a répondu : «Ce que nous faisons est l'expression de notre droit à l'autodéfense. Israël ne renoncera pas à ce droit et ripostera à quelque menace que ce soit de différentes parties de la région». Cette dernière s'est rendue à Washington pour rencontrer la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui affirme «travailler» à un accord avec Israël et des partenaires régionaux pour faciliter un cessez-le-feu, sans préciser le contenu de cet accord. Mme Rice s'est refusée à toute précision sur le contenu mais le gouvernement israélien a annoncé que sa ministre des Affaires étrangères se rendrait à Washington pour conclure un accord destiné à empêcher la contrebande d'armes entre l'Egypte et la bande de Ghaza, l'une des exigences d'Israël pour mettre fin à son offensive contre Ghaza. Et alors que les Ghazaouis continuent de brûler vifs avec le nouveau napalm israélien (phosphore blanc), Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, fait dans l'estimation. «Un accord de cessez-le-feu dans la bande de Ghaza est très proche», a-t-il dit hier en espérant sa conclusion «dans les prochains jours». Ce qui n'est pas loin des déclarations du ministre israélien des Infrastructures, Binyamin Ben Eliezer, qui a envisagé un accord de cessez-le-feu pour la «semaine prochaine». Cela n'a pas empêché Israël de boucler pour deux jours la Cisjordanie, empêchant les Palestiniens, appelés à faire de la journée d'hier une nouvelle «journée de la colère», de manifester. Cela n'a pas empêché Israël aussi de poursuivre ses bombardements, élevant le nombre des victimes à plus de 1 150 Palestiniens tués, et plus de 5 200 blessés depuis le début de l'offensive, dont près de 400 enfants et une centaine de femmes. H. Y.