Plusieurs pays et organisations internationales dont l'ONU ont soutenu que le dialogue "doit rester la priorité" pour régler la crise au Mali, et qu'une opération militaire devait être ''la solution de dernier recours''. Le Haut représentant de l'Union africaine (UA) pour le Mali, Pierre Buyoya, a déclaré mercredi à Alger que l'UA "pense que le dialogue est l'un des piliers importants pour ramener la paix dans ce pays" dont le nord est sous contrôle de groupes armés depuis avril dernier. L'ouverture d'un dialogue entre les protagonistes de la crise malienne a été aussi soutenue par Londres. L'envoyé spécial du Premier ministre britannique pour le Sahel, Stephen O'Brien, qui se trouve depuis mercredi à Alger, a exprimé la détermination du Royaume-Uni à trouver "une solution qui respecte l'intégrité territoriale du Mali, mette un terme à la violence et à la souffrance de tant de personnes innocentes". De son côté, le sous-secrétaire d'Etat américain pour l'Afrique, Johnnie Carson, qui s'exprimait mercredi devant le Sénat, lors d'une audition consacrée à la situation au Mali, a estimé que "la participation de l'Algérie et de la Mauritanie, qui ne sont pas membres de la Cédéao, sera également cruciale pour une solution durable dans le nord du Mali''. Et c'est dans cet objectif, a-t-il expliqué, qu'une délégation américaine conduite par le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns est attendu ce jeudi à Alger pour discuter de la crise malienne. M. Carson a salué, par ailleurs, les efforts des dirigeants africains pour faciliter le dialogue en cours entre les parties en conflit au Mali. L'ONU appuie aussi les efforts visant à régler le conflit malien à travers le dialogue. Ainsi, le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques, Jeffrey Feltman, a soutenu que ''le processus politique doit rester la priorité'' au Mali et qu'une opération militaire dvait être ''la solution de dernier recours'' afin, a-t-il dit, "de répondre aux éléments les plus extrémistes dans le nord du pays et restaurer l'intégrité territoriale du Mali''. Lors de sa présentation devant les membres du Conseil de sécurité du rapport du secrétaire général de l'ONU sur la situation au Mali, M. Feltman a indiqué que Ban Ki-moon, partageait pleinement le sentiment des pays de la région quant à l'urgence de répondre à la crise au Mali, une réponse, qui, selon lui, doit être ''multidimensionnelle et bien préparée''. Dans son rapport adressé au Conseil de sécurité, M. Ban avait mis en garde contre les risques d'une intervention militaire dans le nord du Mali, une option rejetée notamment par l'Algérie qui ne cesse d'insister sur le dialogue pour désamorcer la crise malienne. L'option militaire prônée en novembre par les dirigeants ouest-africains, risquerait, selon M. Ban, de "ruiner toute chance d'une solution politique négociée à cette crise, qui reste le meilleur espoir d'assurer la stabilité à long terme au Mali". La solution politique au conflit malien est aussi soutenue par la Belgique qui laisse en parallèle "toutes les options ouvertes". Par la voix du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, Bruxelles a exprimé sa volonté de "travailler ensemble avec le gouvernement du Mali, la Cédéao, l'Union africaine et les pays du champ, particulièrement l'Algérie, pour faire prévaloir le dialogue en vue d'une solution politique à la crise (malienne) plutôt qu'une solution purement militaire". S'exprimant au cours d'un point de presse animé conjointement à Bruxelles avec le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, M. Reynders s'est dit "heureux" d'entendre les progrès éventuels qui peuvent être réalisés dans le domaine des négociations politiques engagées avec les groupes armés Ansar Dine, occupant le nord malien, et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg), évincé de la région en juin. De son côté, M. Medelci a relevé à ce propos que le dialogue mené depuis quelques semaines sur la crise malienne, "donne raison à ceux qui privilégient la solution politique et la démarche fondée sur le dialogue". A l'issue de leurs premières discussions directes mardi à Ouagadougou autour du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur pour l'Afrique de l'Ouest, les émissaires de Bamako, d'Ansar Dine et du MNLA se sont engagés à ouvrir un dialogue basé sur" le respect de l'intégrité territoriale du Mali et le rejet du terrorisme, pour tenter de régler la crise dans le pays. Ces premiers contacts intermaliens constituent une "avancée" dans le dossier malien au moment où les Nations unies s'apprêtent à se prononcer ce mois-ci sur l'intervention militaire dans le nord du pays, occupé aussi par les terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Les chefs d'Etat des 15 pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont adopté le 11 novembre à Abuja un plan de reconquête militaire du nord du Mali. Ils ont approuvé l'envoi d'une force internationale de 3.300 soldats pour une durée d'un an, pour lequel ils ont demandé le feu vert des Nations unies.