La Banque mondiale a indiqué jeudi que les effets du changement climatique seraient particulièrement marqués dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), tout en proposant diverses mesures pour faire face aux effets actuels et renforcer la résilience aux répercussions futures. "Une action concertée à plusieurs niveaux sera nécessaire pour réduire la vulnérabilité au changement climatique", a déclaré Rachel Kyte, vice-présidente de la BM chargée du développement durable à l'occasion de la publication d'un rapport de cette institution consacré à cette menace dans la région. Pour l'institution de Bretton Woods, la région MENA s'adapte depuis des siècles au changement climatique, mais de nouveaux risques apparaissent à un rythme beaucoup plus soutenu, avec notamment la perspective d'une hausse de 4°C de la température mondiale, de sorte que la résilience bâtie au fil des années est mise à rude épreuve. Elaboré en partenariat avec la Ligue arabe, et faisant appel à des spécialistes et des décideurs de toute la région, ce nouveau rapport sur le climat identifie et évalue ces risques et insiste sur le fait que plusieurs décennies d'efforts de lutte contre la pauvreté pourraient être réduites à néant. La BM indique qu'au cours des 30 dernières années, les catastrophes climatiques ont touché 50 millions de personnes dans le monde arabe, représentant un coût direct d'environ 12 milliards de dollars et un coût indirect bien plus élevé encore. Les tendances récentes, note-t-elle, laissent à penser que l'aridité des régions arides s'accentue, de même que la fréquence des inondations soudaines. A l'échelle mondiale, l'année 2010 a été la plus chaude depuis que les températures sont relevées, avec 19 pays ayant atteint des records cette année-là et dont 5 d'entre eux étaient des pays du MENA, précise le rapport. Dans cette région, poursuit-il, les températures devraient atteindre de nouveaux sommets et les précipitations diminuer si bien que dans cette partie du monde, qui est celle où les réserves d'eau douce sont les plus limitées, cette précieuse ressource naturelle pourrait devenir encore plus rare. Selon la BM, un climat plus rude menace les moyens de subsistance dans toute la région et des conditions météorologiques extrêmes pourraient affecter à la fois le secteur du tourisme, qui génère chaque année 50 milliards de dollars, et l'agriculture, déjà mise à rude épreuve par le climat. La conjonction de l'élévation des températures, de pluies plus sporadiques et de sécheresses plus fréquentes pourrait induire une multiplication des mauvaises récoltes et une baisse des rendements, avec des difficultés croissantes pour la population rurale de la région MENA, qui représente près de la moitié de ses habitants, souligne le rapport. Les migrations vers des villes déjà saturées et des zones côtières vulnérables pourraient s'accélérer. Le rapport souligne que l'adaptation doit être intégrée dans toutes les politiques et initiatives nationales afin que celles-ci permettent une meilleure résilience aux aléas climatiques. Il s'agit aussi bien de déployer des efforts pour recueillir des données sur le changement climatique que de renforcer les services de base, et de disposer d'informations météorologiques exactes pour pouvoir se préparer à des événements extrêmes. Un meilleur accès à des services tels que l'éducation, la santé ou l'assainissement, conjugué à des filets de protection sociale efficaces qui permettent de compenser la perte soudaine des moyens de subsistance, donnera aux populations les capacités et les ressources nécessaires pour surmonter les difficultés que pose le climat.