La poésie a joué le rôle ''d'arsenal moral'' et ''d'éclairage'' pour la résistance populaire contre le colonialisme français en Algérie, ont relevé les participants à une conférence tenue lundi à Biskra. Au cours de cette rencontre intitulée ''La poésie et la résistance populaire à l'occupation française en Algérie'', le Dr Ahmed Kechnouba, de l'université de Djelfa, a souligné que la poésie a joué un "rôle de premier plan dans la propagation de la conscience nationale'' et dans ''l'aiguisement de l'esprit de lutte des résistants algériens durant les 19ème et 20ème siècles". La poésie populaire a accompagné tous les mouvements de résistance qui ont été déclenchés contre l'occupant et des poètes ont écrit des ''textes vibrants du sentiment patriotique et de l'amour de la patrie", a relevé de son côté le chercheur Faouzi Masmoudi, également directeur du musée régional de Biskra. Citant les poètes qui ont célébré la résistance populaire dans la région des Ziban au 19ème siècle, le conférencier a évoqué M'hamed Lichani et Ali Benchergui El Feliachi qui, a-t-il dit, ont consigné des témoignages aussi précieux que poignants qui ont pérennisé l'insurrection des Zaâtcha (1849). La femme a apporté, de son côté, une "plus-value" au poème populaire dédié à la résistance populaire, en reprenant les vers dépeignant l'ennemi dans des scènes de "vaincus et d'humiliés", dira à ce propos le Dr Ahmed Zagheb de l'université d'El Oued. La poésie populaire a gagné en importance durant la période coloniale du fait que ce genre artistique s'est ingénié à dépeindre la souffrance du peuple et ses espoirs dans sa lutte pour s'affranchir du joug colonial, a souligné le conférencier Ali Bakhouche de l'université de Biskra. Le grand engouement pour la poésie populaire et sa langue simple et accessible a fait d'elle un "pont et une passerelle de communication dans une société où régnaient l'analphabétisme et peu de moyens de communication", a-t-on indiqué. Pour Abderrezak Bendahmane, de l'université de Biskra, le poète populaire "suivait de très près tout ce qui se passait dans sa société et toutes ses pulsions étaient source d'inspiration et matière à poésie''. Des lectures poétiques déclamées par des poètes de la région de Ziban ont également été organisées en marge de cette conférence qui s'inscrit dans le cadre de la célébration du 52e anniversaire des manifestations du 11décembre 1960. La rencontre qui s'est tenue au musée a été organisée par la direction de cette structure en collaboration avec la direction des Moudjahidine et l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM) ainsi qu'avec le département de langue et de littérature arabe de l'université Mohamed Khider de Biskra.