La résistance s'est organisée, partout, dans les diverses contrées, de Ouled Sidi Cheikh aux Zaatchas, dans la région des Zibans. Cette dernière est considérée comme « l'une des plus importantes malgré sa courte durée », disent les historiens. L'affrontement avait duré plus de quatre mois, du 16 juillet au 26 novembre 1849. La résistance des Zaatchas partage avec les autres résistances populaires un ensemble de mobiles dont le refus catégorique de l'occupation. Cheikh Bouzine, dont le combat est le prolongement de celui de l'Emir Abdelkader dont il était l'un des adjoints, a su canaliser le grand mécontentement des populations suite à l'augmentation des impôts sur les palmeraies en mars 1849 par l'administration coloniale. Il entreprit avec les chefs de tribu la préparation de la guerre, par la collecte de fonds, l'achat d'armement, le stockage de provisions.... Ces préparatifs n'ont pas manqué d'éveiller les soupçons des agents de l'administration. Et le sous-lieutenant "Sirocca", délégué au bureau arabe à Biskra, décide d'arrêter Cheikh Bouziane, sans y parvenir, face au refus opposé par ses partisans. De Bosquet, chef du bureau, essuiera lui aussi un échec, les populations lui rétorquant qu'ils « étaient prêts à combattre pour lui, hommes et femmes, jusqu'au dernier... ». La première phase de la révolte des Zaatchas a débuté avec l'arrivée des Français le 16 juillet 1849 sous la direction du colonel "Carbuccia" qui avait renforcé le siège autour des oasis afin d'étouffer l'insurrection et liquider son chef, Cheikh Bouziane. LA TÊTE DE CHEIKH BOUZIANE ET CELLE DE SON FILS ACCROCHEES À UNE PORTE DE LA VILLE Il fut surpris par la résistance des populations qui accueillirent ses troupes avec une pluie de balles tuant ainsi 31 soldats et en faisant pas moins de 117 blessés. Après quelques heures d'accrochage, le colonel "Carbuccia" fut contraint de retirer ses troupes sous les coups de boutoir des factions de combattants des Ouled Naïl, Boussaada et M'sila qui avaient rejoint leurs frères des Zaatchas. Cette victoire a contribué au renforcement moral et matériel des insurgés et à raviver la résistance parmi les habitants de la région. De son côté, le cheikh Sidi Abdelhafid, moqaddem de la confrérie Rahmania, entreprit de proclamer la guerre pour libérer la ville de Biskra. Il affrontera les colonnes dirigées par Saint Germain, commandant de la subdivision de Biskra. La bataille de Sériana eut lieu en septembre 1849. Malgré la mort du commandant Saint Germain, l'armée française réussit à maintenir le siège et Sidi Abdelhafid fut contraint de se retirer avec le reste de ses partisans. Les Français exploitèrent cette victoire pour se venger des Zaatchas, l'attaque est fixée au début de l'automne. Le 7 octobre 1849 au matin, le général Herbillon amasse ses quatre mille quatre cent trente neuf soldats sur la "colline de la meïda", jouxtant le village des Zaatchas, occupa la zaouïa proche et contrôla le carrefour menant à l'oasis des Zaatchas, notamment la route reliant Tolga à Zaatchas afin d'empêcher l'arrivée de tout renfort. Les ordres furent donnés à l'artillerie de bombarder les remparts afin d'y provoquer une percée. La résistance intrépide des Zaatchas avait contraint les troupes françaises à se retirer après la perte de 35 soldats dont un officier ainsi que 147 blessés. Le général Herbillon demanda des secours à Alger qui donna l'ordre aux colonnes de Constantine, Batna, Boussaada, Skikda et Annaba de faire mouvement vers les Zaatchas. Les assaillants reprendront l'attaque le 26 novembre 1849 avec huit mille soldats réussissant l'encerclement de l'oasis, ce qui empêchait « tout secours susceptible de parvenir d'autres régions ». Les ordres furent donnés de massacrer tous les habitants de l'oasis, y compris les femmes, les enfants et les vieillards, de couper les palmiers, source de revenus des habitants et d'incendier les maisons. Les populations avaient résisté à l'arme blanche. Les blessés furent achevés. La maison du Cheikh Bouziane fut bombardée. Herbillon donna l'ordre de couper les têtes de Cheikh Bouziane et son fils ainsi que celle de Cheikh El Hadj Moussa Derkaoui et de les accrocher à l'une des portes de la ville de Biskra. Ces « butins » seront transférés à Versailles en France, selon des historiens. La résistance des Zaatchas s'acheva par des pertes considérables, l'oasis fut totalement anéantie. Les Français qui avaient pratiqué les pires tortures et crimes avaient perdu 10 officiers de différents grades et 165 soldats. Ils ont tout de même laissé derrière eux « 800 cadavres et un nombre indéterminé sous les décombres et des palmiers coupés jusqu'au dernier », selon les historiens Extraits de Histoire de l'Algérie, ministère des Moudjahidine