Le président du Conseil national économique et social (CNES), M. Mohamed-Seghir Babès a appelé mardi à Alger à constitutionnaliser son institution en vue de mener à bien ses missions. "Nous sommes, pour un certain nombre de choses, aux avant-postes, mais du point de vue statut, le CNES n'est pas constitutionalisé" pour mener ses missions, a déclaré M. Babès, lors d'une rencontre débat sur l'évolution de la situation socioéconomique de l'Algérie durant les cinquante dernières années, organisée par les Douanes algériennes. Le CNES a été chargé par le président de la République, dans le cadre des réformes qu'il avait initiées en 2011, "d'évaluer les systèmes de la gouvernance et de mettre en place les mécanismes nécessaires pour les améliorer", a-t-il ajouté. Qualifiant cette situation de "paradoxe", M. Babès a relevé que l'habilité du CNES à exécuter cette mission restait "une question ouverte" qu'il fallait "définir au préalable". Il a déploré, par la même occasion, le fait que le CNES reste le dernier conseil de ce type sur l'échelle africaine à ne pas être constitutionnalisé, appelant à l'intégrer dans la prochaine révision de la Constitution. Le CNES, une institution constitutionalisée après l'indépendance, avait été déconstitutionnalisé le 19 juin 1965 avec l'avènement au pouvoir du président Houari Boumediene. "La question de constitutionaliser le CNES ne va pas manquer d'émerger" avec la prochaine révision de la Constitution, a-t-il déclaré à l'APS en marge de cette rencontre à laquelle était présent le directeur général des Douanes M. Mohamed Abdou Bouderbala. "Ce conseil mérite d'être constitutionalisé. C'est notre point de vue au niveau du CNES et c'est aussi celui de l'opinion publique. C'est un voeu légitime", a-t-il tenu à souligner. M. Babès a soutenu, par ailleurs, que l'Algérie disposait des capacités pour améliorer la gouvernance, récusant l'option de la "rupture cataclysmique" entreprise par certains pays arabes pour réformer leur modèle de gouvernance. "Nous avons largement les moyens de mener les réformes de l'intérieur du système avec les moyens de l'Etat", a-t-il dit, en indiquant que le montage d'un système de gouvernance démocratique "doit nécessairement permettre la pleine expression de la société civile". Mais "le fait de récuser une rupture cataclysmique ne doit pas conduire à continuer à souffrir d'une situation rémanente" qui bloquerait les réformes initiées par le président de la République, a-t-il relevé.