Les participants au colloque international sur le soufisme et ses répercussions sur la culture islamique contemporaine, ouvert mercredi à l'université "Aboubekr Belkaid" de Tlemcen, ont défini, tour à tour, le soufisme en tant que système de rayonnement scientifique et moral sur la société. Présidant cette rencontre organisée par la faculté des sciences humaines et sociales, le docteur Mohamed Saidi a souligné que le soufisme est un patrimoine intellectuel islamique riche en idées rappelant que des savants soufis comme Ibn El Arabi et Sidi Boumediène avaient pris à leur charge de perpétuer les valeurs de l'éducation musulmane saine, sans prendre de distance par rapport à la société ou verser dans l'extrémisme et le cloisonnement. L'intervenant a ajouté que l'homme soufi vit souvent révolté pour réformer sa société, indiquant que l'objectif de cette rencontre était d'approfondir la recherche sur les méthodes et les règles sur lesquelles se sont basés ces hommes soufis pour faire face aux crises qui avaient secoué les sociétés islamiques à travers l'histoire. Pour sa part, Dr Samia Khadra Hania de la faculté des sciences islamiques de l'université d'Alger soutient que le soufisme, pôle de la pensée islamique, est une science d'éducation et d'ascétisme, appelant à revoir les notions et informations colportées à ce courant de la pensée et à faire la lumière sur le rôle de la femme soufie dans le patrimoine arabe islamique. L'oratrice a affirmé que la femme a été occultée dans l'histoire soufie en dépit de sa forte présence et sa contribution efficace dans ce domaine, à cause d'une mauvaise interprétation de la législation et des coutumes et traditions. Elle a ajouté que le chercheur sur les personnalités soufies trouve toujours l'élément masculin qui domine à tel point, a-t-elle dit, qu'on ne connaît de femmes ascètes à travers l'histoire que Rabia El Adaouiya. Le Dr Mohammed En-Nacer Seddiki de l'université de Tunis a imputé l'incompréhension du soufisme au mélange entre ce courant, ses valeurs et ses références et la culture populaire basée sur les traditions. Les travaux de ce colloque, marqué par la participation de professeurs et de chercheurs d'Algérie et de pays arabes dont la Jordanie, le Maroc et la Tunisie, ont été axés sur des thèmes abordant, entre autres, "Les tariqas et savants soufis", "La présence de la femme dans l'expérience soufie", "Le soufisme dans l'équation avec la foi", "Le soufisme et la référence" et "La contribution soufie dans la réforme spirituelle et matérielle".