La Cimade, une ONG, chargée des droits des migrants a déploré vendredi que depuis l'arrivée du nouveau gouvernement socialiste, les organisations de l'Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) constatent "avec stupéfaction" la multiplication des placements en rétention, des tentatives d'embarquement et d'expulsions d'étrangers gravement malades, notamment des personnes infectées par le VIH et le virus de l'hépatite. "Nous ne constatons aucune rupture avec la politique menée par le gouvernement précédent", regrette encore cette ONG, qui considère que "pire encore", une dégradation de la situation, ainsi qu'à une accélération des procédures d'expulsion au détriment des droits et de la santé des malades étrangers, sont observés. La Cimade rappelle alors les propos du candidat François Hollande qui, interrogé sur le droit au séjour pour soin avait notamment répondu que la modification apportée par la loi sur l'immigration du 16 juin 2011 "est hypocrite". "Elle laisse croire que le droit au séjour pour soins est maintenu mais elle ne prend plus en compte l'effectivité de l'accès aux soins dans le pays d'origine", rapporte l'ONG citant le candidat Hollande. 'Si vous venez d'un pays très pauvre, mais qu'une clinique très chère donne de bons traitements au président et à ses amis, alors on considère que les soins existent dans votre pays et que l'on peut vous y renvoyer. On ne se demande plus si vous pouvez vraiment avoir accès à ces soins. Si je suis élu, je souhaite revenir sur ces décisions", a-t-il ajouté. La Cimade s'interroge alors sur les engagements du candidat aujourd'hui président et relève que "face à l'urgence de la situation", les organisations de l'ODSE ont multiplié depuis le mois de juin les relances auprès des ministères de l'Intérieur et de la Santé pour obtenir des rendez-vous. L'ONG indique aussi que malgré une première rencontre avec le ministère de l'Intérieur enfin tenue début décembre, l'expulsion du 12 décembre d'un Géorgien dont l'état de santé nécessitait des soins en France "démontre une nouvelle fois que rien n'est mis en place pour rompre avec la logique précédente : la machine à expulser continue de tourner, broyant droits et vies de milliers d'étrangers, y compris les plus gravement malades". L'Observation du droit à la santé des étrangers demande aux ministères de la Santé et de l'Intérieur de "mettre un terme immédiatement à ces graves atteintes aux droits des personnes, de rétablir une véritable protection pour les étrangers malades et de rompre enfin avec la logique répressive qui sous-tend l'ensemble de la politique d'immigration menée à l'encontre des étrangers" en France.