Des historiens français ont salué les déclarations du président François Hollande, qui a reconnu jeudi dans un discours devant le parlement algérien "les souffrances" infligés à l'Algérie par la colonisation, mais considèrent, cependant, que ce geste "n'est pas suffisant" pour reconnaître le caractère de cette colonisation. "Evidemment, ce sont des propos tout à fait justes, mais sont-ils, en tant que tels, vraiment nouveaux", s'est interrogé JeanûLuc Einaudi, dans un entretien à l'APS. "La question qui est posée maintenant et je le regrette, c'est comme si François Hollande, restait au milieu du gué. Il reconnaît fort justement le caractère injuste du système colonial mais à aucun moment il en tire la conclusion qui en découle, c'est-à-dire que l'insurrection contre ce système injuste était une insurrection légitime et que la guerre menée par l'Etat français contre ceux qui menaient ce combat était une guerre injuste", a estimé l'historien. Il considère, ainsi, que son prédécesseur Nicolas Sarkozy, en visite officielle en 2007 en Algérie, avait déjà tenu des propos "assez comparables" et pourtant, a-t-il relevé, "on a pu constater par la suite d'autres propos qui allaient dans le sens inverse". Pour l'historien, les déclarations du président Hollande "devrait découler de la reconnaissance de ce caractère injuste de la domination coloniale", jugeant que "ce pas-là, le président Hollande ne le franchit pas". "Il faut aller plus loin, aller au fond des choses et encore une fois, souligner le caractère fondamentalement injuste de la guerre menée par l'Etat français contre les combattants de l'indépendance algérienne. Or ça ce n'est pas encore fait, je ne l'ai pas entendu", a-t-il déploré. Pour l'historien Gilles Manceron, les déclarations de François Hollande devant le parlement algérien "est une étape de plus dans la reconnaissance de ce qu'a représenté la colonisation en Algérie, après le communiqué du 17 octobre sur la reconnaissance de la répression de la manifestation des Algériens de la région parisienne, le 17 octobre 1961".