La pièce de théâtre "Physio-Chadhaya", mise en scène par Haroun El Kilani de la coopérative culturelle de Laghouat, présentée mercredi soir à Alger dans le cadre des 5èmes journées théâtrales du sud, a dépeint à travers le corps et la musique metal, les frustrations de l'homme face aux pressions socioculturelles. Les six comédiens, dont une femme, entourés de musiciens (guitariste, bassiste et batteur), se sont produits pendant plus d'une heure dans un décors futuriste reflétant un lieu dépourvu de quiétude ou de toute sorte de sérénité et dans lequel, la haine, la mélancolie, le mal et la perversité forment le principal paysage. Les personnages, victimes des interdits imposés par la société, la religion, la famille et autres genres d'autorité, se sont déshumanisés. Ils ont développé une animosité entre eux et envers les autres. Ils veulent se libérer, briser les chaînes invisibles qui les ligotent et casser les tabous. La scène s'est transformée en un défouloir où les mouvements corporels des comédiens suivaient avec cadence le "vacarme musical" propre au genre metal, émanant des instruments des trois musiciens, pour crier leur rage et exprimer leur soif de vivre. S'exprimant en arabe classique, les personnages affichaient des mines d'angoisse et des regards perdus entre la raison et la folie, leurs gestes étaient désabusés, parfois tremblants. C'est de cette manière qu'ils ont pu décrire le sentiment de refoulement qui les ronge de l'intérieur. Par moment, l'espace réservé au public a été utilisé par le metteur en scène et d'autres comédiens assis parmi les spectateurs, donnant l'impression qu'il s'agissait d'une séance de répétition et non d'un spectacle final...une autre manière de dire que toute barrière peut être franchie. "Physio-Chadhaya" fut un ensemble d'émotions et de sentiments que les comédiens ont réussi à transmettre à travers leurs corps au rythme de la musique metal. Une dizaine de représentations sont au programme de la 5ème édition des journées théâtrales du sud, ouverte samedi au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Huit wilayas participent à ces journées : Tamanrasset, Biskra, Laghouat, Bechar, Ouargla, Adrar, Tindouf et El Oued. Des ateliers de formation et des conférences sur des thématiques différentes en relation avec la pratique du 4ème art, sont prévus en marge de ces journées qui se poursuivent jusqu'à samedi.