Les rebelles en Centrafrique continuaient jeudi leur progression vers la capitale Bangui, suscitant des craintes sur la dégradation de la situation sécuritaire et poussant la Force multinationale d'Afrique centrale (FOMAC) à décider l'envoi de troupes supplémentaires dans le pays. La coalition rebelle du "Séléka", qui menace de renverser le président centrafricain François Bozizé, a pris le contrôle mercredi de la ville de Kaga Bandoro (centre nord) s'approchant un peu plus de la capitale Bangui après s'être emparée de grandes villes du nord et du centre du pays, suscitant des craintes sur la dégradation de la situation sécuritaire. Cette progression rebelle a poussé la FOMAC à décider l'envoi de troupes supplémentaires dans le pays. Le commandant de la force, le Général Jean-Félix Akaga, a indiqué à la radio centrafricaine que "Bangui est sécurisée au maximum par les troupes" (de la FOMAC), mais "d'autres (troupes) vont arriver pour renforcer cette mission de sécurisation" de la capitale, sans donner se détail sur le nombre et la date d'arrivée de ces renforts. Cette force multinationale, mise en place en 2008, avait pour mission d'aider à consolider la paix dans le pays miné par des années de guerres civiles et de nombreuses rébellions. Comptant jusqu'à 500 soldats venus du Gabon, de la République Démocratique du Congo, du Tchadi et du Cameroun, cette force avait commencé à se retirer progressivement de la Centrafrique qu'elle était censée quitter définitivement avant le 31 décembre 2013. Avant l'envoi des troupes de la FOMAC, et alors que les rebelles consolidaient leurs positions autour de Bangui, des troupes tchadiennes sont arrivées en renfort en nombre non précisé en milieu de semaine dernière en Centrafrique pour appuyer les forces gouvernementales contre les rebelles. Les troupes tchadiennes se présentent actuellement, selon le gouvernement tchadien, comme "force d'interposition" et non d'attaque, ne s'opposant pas jusqu'à présent à l'avancée rapide de la rébellion. Elles avaient déjà aidé le président Bozizé, au pouvoir depuis 2003, à combattre des rébellions dans le nord du pays en 2010. Le président centrafricain François Bozizé a appelé jeudi à l'aide des troupes militaires françaises présentes dans son pays (une ancienne colonie française) pour stopper la rébellion, affirmant que la République Centrafricaine faisait face à un "complot". Le président français François Hollande a lui assuré que la présence militaire française en Centrafrique n'était pas destinée à "protéger" le régime contre l'avancée de la rébellion, "mais les ressortissants et les intérêts français". Sur le terrain et de crainte de l'avancée des rebelles, au moins 2.000 Centrafricains se sont réfugiés dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC) voisine. "Il y a un afflux de réfugiés. Ce sont 2.000 à 2.500 personnes qui sont là. Il y a parmi eux d'anciens réfugiés récemment rentrés chez eux et aussi des nouveaux qui ont fui la préfecture d'Ombela-Mpoko", frontalière du district congolais du Nord-Ubangi, a déclaré Willy Isekusu, commissaire de ce district. Les Nations unies et les Etats-Unis ont annoncé mercredi le retrait "temporaire" de la République centrafricaine de tous leurs employés jugés non indispensables et de leurs familles. Le retrait "temporaire" des 200 personnes travaillant pour les Nations unies en Centrafrique "est une mesure de précaution pour réduire notre présence au cas où la situation devait se détériorer à Bangui", a déclaré le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a-t-il ajouté, "condamne fermement les attaques armées contre plusieurs villes" centrafricaines menées par la rébellion du Séléka. De son côté, le département d'Etat américain a déclaré qu'il travaille avec la communauté américaine à Bangui pour faciliter le départ des Américains qui le souhaitent" en faisant part dans un courriel de sa "profonde préoccupation face à la détérioration de la sécurité en Centrafrique".