La rébellion centrafricaine exige la capitulation pure et simple du régime de François Bozizé perdant de plus en plus le contrôle du pays. La coalition du Séléka, qui veut éviter de livrer bataille à Bangui, a demandé, dans un communiqué adressé aux fidèles du Président en exercice, de « déposer les armes immédiatement ». La marche sur Bangui qui la menace d'une offensive s'accélère. Après la prise de la troisième ville, Bambara, la chute de Kago Bandoro, située à 385 km de la capitale, renforce la mainmise de la rébellion qui contrôle une dizaine de villes dont quatre chefs-lieux de préfecture : Kaga Bandoro (centre-nord), Ndélé (nord), Bria (centre), et Bambari (centre sud). La ligne de démarcation entre l'armée régulière, battant en retraite en direction de l'ultime verrou Situb, et la rébellion qui ne rencontre aucune résistance rend la confrontation inéluctable. Le sort des armes est connu de tous les observateurs unanimes à relever la faible capacité de riposte de l'armée régulière, sous-équipée, démotivée et mal organisée. Mais, la présence de l'armée tchadienne, qui joue le rôle de « force d'interposition », peut constituer une bouée de sauvetage pour le régime de François Bozizé. Arrivés en renfort, en milieu de semaine, les soldats tchadiens qui l'ont déjà aidé à combattre des mouvements de rébellion de Birao, en 2010, ont quitté la base stratégique Situb pour se rendre à Kaga Bandoro assiégée. S'agit-il d'une simple manœuvre ou d'une volonté de stopper la progression de la rébellion ? La crise est à son apogée. Elle a incité le président centrafricain à convoquer en toute urgence les responsables militaires, tout en exigeant le retrait « effectif » des localités occupées comme préalable à l'ouverture du dialogue. « Les rebelles, au lieu de se retirer, se sont emparés d'autres villes en violation flagrante de la décision des chefs d'Etat d'Afrique centrale à Ndjaména, 24 heures seulement après le sommet », a déploré, lundi, le ministre de l'Administration du territoire, Josué Binoua. Dans les rangs de la rébellion, légitimant la reprise des armes par la violation des différents accords de paix signés entre 2007 et 2011 prévoyant un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, le cessez-le-feu est la condition sine qua non à un « arrêt des opérations ». Des négociations « sans délai » à Libreville (Gabon) sont exigées par les chefs d'Etat d'Afrique centrale, réunis à Ndjamena (Tchad) pour tenter de désamorcer la bombe centrafricaine aux conséquences incalculables sur la sécurité et la stabilité régionale. L'appel sera-t-il entendu ?