L'art dramatique dans le sud algérien évolue dans des conditions techniques et financières jugées difficiles par certains comédiens et directeurs de troupes théâtrales, qui croient malgré tout à des lendemains meilleurs en misant pour cela sur la volonté et la passion qui habiteraient les artistes de ces vastes régions désertiques. Le 4ème art dans le Sud mérite un meilleur encadrement pas seulement pour le comédien mais pour l'ensemble des métiers du théâtre (mise en scène, scénographie, décors, son et éclairage), s'accordent à dire des spécialistes présents à Alger dans le cadre des 5èmes journées théâtrales du sud qui prendront fin samedi au Théâtre Mahieddine-Bachtarzi d'Alger (TNA). L'acquisition des accessoires pour concevoir les décors et les costumes, le manque de salles de spectacles et autres aléas administratifs, représentent autant d'obstacles à l'émancipation du théâtre "saharien" et risquent d'étouffer l'esprit créatif chez les jeunes talents, alertent les mêmes représentants d'associations culturelles spécialisées dans le théâtre. A voir les pièces de théâtre présentées chaque soir, pendant une semaine sur les planches du TNA, une passion pour l'art dramatique est vite constatée malgré des décors modestes et le manque de professionnalisme dans les jeux de de lumière comme dans la direction des comédiens, même si ces derniers affichent sans conteste un réel talent. Selon le metteur en scène et responsable de l'association culturelle "L'art de la scène" d'Adrar, Noureddine Boulghiti, le théâtre du Sud vit une dynamique animée par de jeunes talents "ambitieux" et "passionnés" qui tentent d'aller de l'avant avec les moyens de bord, d'autant plus que cet art est visiblement apprécié par le public, lequel montre souvent un réel intérêt pour les spectacles proposés. Cet artiste affirme, en outre, que la majorité des comédiens de la région sont autodidactes ou formés dans de simples ateliers lors des festivals ou dans un cadre associatif. Pourtant, soutient-il, les artistes du sud "ne demandent qu'à travailler et à réussir leur carrière artistique". Haroun El Kilani, metteur en scène et président de la coopérative culturelle de Laghouat, estime que le "grand problème" du théâtre dans les régions du sud réside dans le manque de salles de spectacle, d'échanges entre les théâtres régionaux, de tournées théâtrales dans les wilayas du sud et d'activités culturelles consacrées au théâtre, à l'exception notoire des festivals. Il croit au talent des comédiens et aux compétences des metteurs en scène car, selon lui, malgré le peu de moyens techniques et financiers, des pièces de théâtre ont été montées et d'autres sont en cours de préparation. Moins optimiste, le comédien au sein de l'association "Recherches artistiques" de Biskra, Said Djenane, estime que le théâtre au sud vit une sorte de "coma" dont le sort reste incertain, car, dit-il, les artistes subissent des contraintes administratives notamment lorsqu'ils sollicitent l'aide des parties chargées de la gestion du champ culturel. Il déplore aussi la dissolution de plusieurs troupes et compagnies théâtrales dans sa région natale suite à des problèmes d'ordre financier, notamment. Pour lui, les associations spécialisées dans le théâtre sont livrées à elles mêmes et font face à d'autres problèmes dont le manque de salles de spectacle, de formation, de représentations théâtrales et de "communication" avec les directions de la culture. Par ailleurs, les comédiens et responsables de compagnies théâtrales rencontrés par l'APS, ont salué l'organisation des journées théâtrales du sud car il s'agit, disent-ils, d'une "très bonne occasion" qui s'offre aux artistes de la région pour présenter leur travaux artistiques et se produire dans une salle "mythique" comme le TNA dont les planches ont vibré sous les pas de grands noms du théâtre algérien. Huit wilayas — Tamanrasset, Biskra, Laghouat, Bechar, Ouargla, Adrar, Tindouf et El Oued — participent à la 5ème édition des journées théâtrales du sud qui se tient du 22 au 29 décembre au TNA dans une ambiance bon enfant mais sans le public des grands jours et en l'absence remarquée des médias.