Le FMI a salué mercredi l'accord conclu par le Congrès américain pour échapper au "précipice budgétaire" qui menaçait les Etats-Unis mais a appelé à d'autres efforts pour assainir durablement les finances publiques américaines. Le FMI "félicite la décision du Congrès américain pour éviter de brutales hausses d'impôts et coupes budgétaires, sans laquelle la reprise économique américaine aurait déraillé'', a déclaré le directeur des relations extérieures du FMI, Gerry Rice, dans un communiqué. Il a considéré, toutefois, qu'il restait encore "beaucoup à faire pour remettre les finances publiques américaines sur une trajectoire durable sans nuire à la reprise encore fragile". Dans ce sens, l'institution de Bretton Woods a préconisé l'impérativité de l'approbation, au plus tôt, par le Congrès d'un "plan détaillé qui garantit à la fois des recettes publiques plus élevées et la limitation des dépenses dans le moyen terme". Le FMI a également appelé à un relèvement immédiat du plafond de la dette fédérale et ''à la levée des incertitudes qui restent pendantes''. La Chambre américaine des représentants a adopté mercredi le texte approuvé lundi par le Sénat, qui prévoit le relèvement du taux d'imposition des ménages les plus riches et la prolongation de l'assurance-chômage. Ainsi, l'accord stipule une hausse fiscale sur le revenu des Américains qui gagnent plus de 450.000 dollars par an et la prorogation de l'assurance-chômage de longue durée à deux millions de personnes pendant une année. De nombreux économistes avaient averti que les hausses générales d'impôts prévues et les réductions de dépenses prévues par le ‘‘précipice budgétaire'' auraient plongé l'économie de la première puissance mondiale dans la récession. Néanmoins, les mesures de l'accord parlementaire ne font que repousser de deux mois l'échéance du relèvement éventuel du plafond de la dette publique américaine qui a dépassé, au 31 décembre 2012, la limite légale de 16.394 milliards de dollars. Comme la loi américaine ne permet de relever ce plafond qu'avec le feu vert du Congrès, et sans lequel l'Etat fédéral se trouvera en défaut de paiement, les républicains vont donner du fil à retordre durant le débat à venir sur l'augmentation du plafond de cette dette pour obtenir, comme ils souhaitent, une réduction drastique des dépenses publiques. Les républicains visent particulièrement d'importantes coupes dans des programmes de protection sociale comme Medicare (destiné aux personnes âgés) ou Medicaid (pour les plus pauvres). Conscient de la difficulté de cet autre débat qui s'imposera dès février prochain, le président Barack Obama a souligné qu'il souhaitait des négociations "un peu moins dramatiques" sur des questions telles que la dette publique et le déficit budgétaire. Selon les estimations du Congressional Budget Office (CBO), l'accord conclu, comparé aux mesures prévues par le mur budgétaire, va accroître le déficit budgétaire de près de 4.000 milliards de dollars sur dix ans. Même s'il a permis d'éviter une réduction systématique des dépenses publiques de l'ordre de 600 milliards de dollars et une hausse des impôts pour la classe moyenne et les pauvres, l'accord entériné par le Congrès laisse encore l'économie américaine vulnérable à des menaces. En effet, il n'est pas parvenu à désamorcer radicalement la perspective du défaut de paiement lié au plafond de la dette, laissant le département du Trésor recourir, durant janvier et février 2013, à ce qu'il appelle, des ‘‘mesures exceptionnelles'' pour payer les factures du gouvernement. Outre les observations faites par le FMI, plusieurs analystes américains soutiennent que ce dénouement provisoire du ‘‘précipice budgétaire'' n'aura pas soulagé l'anxiété des entreprises et des consommateurs du fait que de nombreux défis économiques demeurent non résolus avec, en plus, l'incertitude budgétaire, tandis que la question relative à la maîtrise à long terme de la dette fédérale demeure sans réponse.