Le Maghreb dispose d'un grand potentiel pour attirer les investissements étrangers qu'il n'a pas toujours mis à profit, a affirmé mercredi à Nouakchott la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. Les investissements directs étrangers (IDE) engagés dans les pays maghrébins sont insuffisants non seulement en terme de montant mais aussi dans leur diversification, a observé Mme Lagarde dans son intervention à la conférence sur les investissements au Maghreb tenue dans la capitale mauritanienne. Selon elle, il est vrai que les flux des IDE au Maghreb se sont considérablement accrus au cours de la décennie écoulée passant de 3 milliards de dollars par an au début des années 2000 à 12,3 milliards de dollars en 2008, à la veille de la crise financière mondiale. Mais même ce niveau record pour cette région de l'ordre de 3% de son PIB était inférieur à celui des autres régions émergentes en Asie, en Amérique latine et en Europe, a-t-elle souligné. D'autant plus que ce chiffre est passé à 6,5 milliard de dollars en 2011, soit moins de 2% du PIB, "ce qui n'est pas surprenant compte tenu de l'instabilité récente dans la région, a poursuivi Mme Lagarde. L'autre remarque importante relevée par la patronne du FMI est que ces investissements n'étaient pas très diversifiés en terme de leur provenance et des secteurs concernés. A ce propos, elle a précisé que la plupart des IDE provenait d'Europe allant entre 60% et 80% selon chacun des pays maghrébins. Et pour une bonne part, environ 30 %, ces investissements étaient destinés au secteur énergétique et aux industries extractives. Manifestement, "il y a moyen de faire mieux au Maghreb qui est riche de ses ressources et du potentiel de ses populations", a-t-elle fait valoir. Citant les atouts dont la région dispose, elle a évoqué "l'avantage d'une situation géographique privilégiée qui côtoie la plus grande zone commerciale du monde, l'Union européenne, et qui est au seuil du Moyen-Orient". Elle a soutenu, en outre, que contrairement à tant d'autres régions du monde, le Maghreb dispose d'une main-d'£uvre jeune et abondante qui ne cessera de s'accroître dans les années à venir. Pour la responsable de cette institution de Bretton Woods, si les pays maghrébins présentent l'avantage d'une population de plus en plus instruite, la prochaine étape consiste à augmenter davantage l'accès à l'éducation et à améliorer sa qualité afin d'assurer une formation adéquate avec les besoins du marché de l'emploi. Par ailleurs, elle a considéré que le Maghreb avait, certes, déployé des efforts importants en vue d'améliorer le climat de l'investissement et l'environnement des affaires, mais que "beaucoup reste à faire". "Le Maghreb doit faire table rase des vestiges du passé, des privilèges et du favoritisme pour assurer l'égalité des chances pour tous", a-t-elle encore insisté. Pour avancer dans ce domaine, elle a préconisé aux pays maghrébins de se doter d'une réglementation impartiale et conforme aux principes de l'économie, d'améliorer les infrastructures, d'assurer une administration fiscale et douanière "à la fois juste et prévisible", de veiller à ce que le système judiciaire soit "solide, indépendant et impartial" et de mettre en place un système financier qui soutienne les activités productives et qui assure un large accès au crédit. De surcroît, elle a avancé que les petites entreprises doivent élargir leurs horizons et que les entreprises nationales doivent aussi raisonner en termes internationaux. Aussi, la première responsable du FMI a suggéré que le Maghreb devrait diversifier ses relations avec l'extérieur "en réduisant sa dépendance à l'égard de l'Europe", en lui proposant d'établir des liens avec le groupe des pays (BRIC), c'est-à-dire le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, qui sont, a-t-elle rappelé, les nouvelles locomotives de l'économie mondiale.