Des voix continuaient à s'élever mardi en France pour reprocher à l'exécutif d'avoir fait intervenir les forces militaires françaises au Mali. Elus et Ong ont ainsi dénoncé cette intervention, qualifiant cette décision de "très grave". C'est le cas notamment de Noël Mamère, député Europe-Ecologie-lesVerts (EELV) qui a, vivement remis en cause les "buts réels et les modalités de l'intervention militaire" française au Mali. "François Hollande a pris une décision d'une extrême gravité, seul dans le palais de l'Elysée, sans avoir préalablement consulté le Parlement, comme la gauche s'y était pourtant engagée", a dénoncé ce député sur son blog. "La décision a été prise dans le cadre de la résolution 2085 de l'Onu, selon une interprétation discutable du droit international, et malgré un désaccord très clair entre la France et le reste du monde sur le tempo (...)", a-t-il ajouté. "La seule question qui vaille aujourd'hui est bien : quelle est la politique africaine de la gauche au pouvoir ? Va-t-elle poursuivre dans son rôle de gendarme de l'Afrique, comme nous le faisons depuis 150 ans, ou créera-t-elle les conditions pour que les Africains prennent en main leur destin ?", s'est interrogé Noël Mamère. "Il ne faut pas se cacher la réalité, nous avons des intérêts stratégiques dans cette grande région du Mali : pétrole, uranium, ressources énormes en eau souterraine, terres cultivablesàTout cela est convoité par les multinationales françaises, qataries, américainesà Sans oublier la plate-forme aéroportuaire de Tassalit (près de Kidal), utile pour surveiller et contrôler toute la région du Sahel, la Méditerranée, la mer Rouge. (...)", a-t-il asséné. "Toutes les interventions militaires de ces dernières années (par exemple, en Afghanistan, en Irak et en Libye) se sont conclues par des succès militaires dans un premier temps, aussitôt suivis par des défaites politiques, et ce pour une simple raison : on ne remplace pas la volonté souveraine d'un peuple", a-t-il soutenu. Pour le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), si une opération pour arrêter l'offensive armée des groupes islamistes devait être engagée, le MRAP "regrette" que cette intervention de la France "n'ait pas été décidée dans le cadre d'une mission clairement définie par l'Onu", dans le respect des principes de la Charte des Nations-Unies en accord avec les forces africaines". Le MRAP considère aussi qu'il faudra donner dès que possible au Mali, les conditions économiques, sociales, et politiques de sa souveraineté. "Pour l'instant il y a urgence à l'envoi d'une force internationale réellement contrôlée par les Nations-Unies pour protéger les populations civiles victimes de la violence des combats", a conclu cette Ong en charge des droits de l'homme.