Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, a estimé dans une contribution parue hier dans le Journal du dimanche qu'«aucune des conditions de réussite n'est réunie» au Mali, où la France intervient seule militairement depuis vendredi contre des groupes islamistes armés. Alors que la classe politique française soutient largement la décision du président François Hollande d'intervenir militairement au Mali, quelques voix réticentes se sont élevées. Le député écologiste Noël Mamère ou le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, ont critiqué la façon de faire de Hollande. Mais une voix s'est distinguée des autres en affichant clairement sa condamnation de la guerre au Mali. L'ancien ministre des Affaires étrangères français, qui avait porté le «non» de la France à la guerre en Irak devant le Conseil de sécurité en 2003, M. De Villepin a déclaré hier ne pas s'attendre à une réussite au Mali. Dans son texte intitulé «Non, la guerre ce n'est pas la France» paru dans le JDD, il s'interroge : «Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? L'unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la guerre contre le terrorisme m'inquiètent», écrit l'ancien ministre des Affaires étrangères, connu pour ne pas favoriser les options militaires comme solutions aux crises. «Au Mali, aucune des conditions de réussite n'est réunie», pense-t-il. «Nous nous battrons à l'aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d'Aqmi sont autant de guerres différentes», ajoute-t-il. Et de poursuivre : «Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide», développe-t-il. «Eviction du président en mars et du Premier ministre en décembre, effondrement d'une armée malienne divisée, défaillance générale de l'Etat, sur qui nous appuierons-nous ? (...) Nous nous battrons dans le vide, faute d'appui régional solide. La Communauté des Etats de l'Afrique occidentale reste à l'arrière et l'Algérie a marqué ses réticences», dit encore celui qui se targue de n'avoir «jamais cessé» depuis 2003 et l'Irak de «(s') engager pour la résolution politique des crises et contre le cercle vicieux de la force».