L'intervention militaire au Mali visant à chasser les terroristes occupant le nord du pays depuis dix mois, sera de nouveau examinée samedi à Abidjan, lors d'une réunion d'urgence des chefs d'état-major des pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). "Les membres du comité des chefs d'état-major vont se rencontrer lors d'une session d'urgence à Abidjan, en Côte d'Ivoire, samedi 26 janvier 2013, pour évaluer l'état du déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) dont le commandement est africain", a indiqué vendredi un communiqué de la Cédéao. Cette réunion verra aussi la participation des chefs de la police des 15 états membres de la Cédéao et le commandant de la Misma, un Nigérian, selon le document. Les pays de la Cédéao ont prévu d'envoyer 3.300 soldats afin d'aider le Mali à récupérer le nord de son territoire, tombé aux mains de groupes terroristes dont Ansar Dine et AQMI, à la faveur d'un coup d'Etat militaire en mars 2012. Dans le cadre du déploiement de la Misma, quelque 2.000 soldats tchadiens et 500 nigériens sont en attente au Niger, tandis qu'au Mali, plus de 2.400 soldats français sont déjà présents. Des soldats de la force africaine, mandatée par l'ONU, ont de leur côté commencé à s'y déployer : ainsi, 160 militaires du Burkina Faso sont arrivés à Markala (270 km au nord de Bamako), pour prendre la relève des Français qui tenaient un pont stratégique sur le Niger. A terme la force africaine comprendra quelque 6.000 soldats. Samedi dernier, les dirigeants ouest-africains avaient, lors d'un sommet extraordinaire de la Cédéao tenu dans la capitale ivoirienne, appelé à une mobilisation internationale "plus large" dans les opérations militaires au Mali, où soldats français et maliens combattent les terroristes, dans l'attente du déploiement de la force africaine. "L'heure a sonné pour un engagement plus large (...) afin qu'une plus grande solidarité se noue autour de la France et de l'Afrique dans la guerre totale et multiforme contre le terrorisme au Mali", avait déclaré le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao. Sur le terrain, les soldats français et maliens ont repris vendredi une localité sur la route de la ville de Gao, bastion des terroristes. "Les militaires maliens et français sont à Hombori. Ils y assurent la sécurité. Il n'y a plus d'islamistes sur place", a déclaré un habitant de la localité reprise, située à 920 km de la capitale malienne, Bamako. Gao et ses environs ont été la cible de frappes aériennes de l'armée française dès le début de son intervention le 11 janvier à la demande de Bamako, pour neutraliser les terroristes. Dans la région de Gao, les groupes terroristes ont riposté en sabotant ce vendredi le pont de Tassiga, sur le fleuve Niger, paralysant une des deux routes que pourraient emprunter les soldats tchadiens et nigériens de la force africaine en cours de déploiement au Niger, pour, à partir de ce pays remonter vers Gao, proche de la frontière. "Les islamistes ont dynamité le pont de Tassiga. Personne ne peut plus passer pour aller au Niger, ou venir vers Gao", a déclaré un témoin dont les propos ont été confirmés par une source de sécurité nigérienne. Sur le plan humanitaire, la situation ne cesse de s'aggraver : les habitants de la région de Gao, sont désormais "dans la survie" en raison de cas de "malnutrition aigue", les voies d'approvisionnement étant presque toutes coupées en raison de l'insécurité dans la région, a déploré vendredi l'ONG française Action contre la faim (ACF). Et, la crise humanitaire s'installe "inexorablement" dans le Nord-Mali et risque de toucher les autres régions du territoire après l'intervention militaire dans ce pays, a averti de son côté le bureau de l'organisation internationale Oxfam à Addis-Abeba (Ethiopie). Par ailleurs, la situation sécuritaire et politique au Mali sera au centre d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA), prévue vendredi en fin de journée à Addis Abeba. Les récents développements enregistrés au Mali seront examinés et débattus au cours de cette réunion à laquelle prendra part le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, représentant du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, aux travaux du 20ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA (27-28 janvier).