Le Réseau des élus et intellectuels français d'origine africaine solidaires de la cause sahraouie a appelé depuis Paris à la libération "immédiate" et "inconditionnelle" des 24 prisonniers politiques sahraouis devant comparaître vendredi devant un tribunal militaire à Rabat. "Nous appelons à l'annulation de ce procès inique car jugeant, par une juridiction militaire, des civils militants des droits de l'homme dont nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle", a affirmé le Réseau dans une déclaration adoptée à l'unanimité de ses membres, à l'issue d'une session spéciale tenue jeudi soir dans la capitale française. Pour les élus français d'origine africaine, il est " inadmissible " de tenir le procès de " personnes réclamant publiquement leur droit à l'autodétermination", et qu'il est "temps que la voix du monde" s'ajoute à la leur pour " pouvoir dénoncer un procès aussi injustifié". "Nous condamnons le procès qui va avoir lieu vendredi, parce qu'il est vraiment injuste car devant juger des personnes éprises de liberté. Cela est inadmissible", a déclaré à l'APS le responsable des élus français d'origine africaine en France, Amadou Traoré. Son collègue, Grégoire Yokendé, s'est dit, de son côté, "sidéré" par le fait qu'on présente des militants des droits de l'homme devant une juridiction d'exception comme s'il s'agissait de " militaires ayant trahi leur nation". Présente à cette rencontre, la ministre sahraouie de la culture, Mme Khadidja Hamdi, a affirmé que ce procès est un "acte contradictoire" à la Constitution marocaine qui exclue toute condamnation de civils par une juridiction d'exception. Elle a appelé, à cette occasion, à la libération de l'ensemble des prisonniers politiques sahraouis à leur tête Mohamed El Hafedh Iaza qui, a-t-elle rappelé, croupi depuis des années dans une geôle marocaine au même titre qu'une soixantaine d'autres. Reportés à deux reprises en 2012, le procès du groupe des 24 prisonniers politiques sahraouis s'était ouvert le 1er février dernier avant d'être reporté à vendredi suite à la requête formulée par les avocats des accusés exigeant la présence de témoins des arrestations intervenues le 8 novembre 2010 après un assaut des forces marocaines contre le camp sahraoui de Gdeim Izik, proche d'El-Aaiun occupée. Les 24 Sahraouis, militants des droits de l'homme, sont notamment accusés d'"atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat, formation d'une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l'exercice de leur fonction", et risquent de ce fait la réclusion à perpétuité. Le Réseau des élus français d'origine africaine solidaires de la cause sahraouie a été créé le 16 octobre 2012 à Paris. Comprenant un noyau d'une cinquantaine de personnes, il s'assigne comme principaux objectifs de mobiliser les Conseils municipaux et les parlementaires français autour de la "justesse " de la cause sahraouie en proposant à des députés, sénateurs, représentants de la société civile et autres politiques d'aller dans les camps des réfugiés sahraouis pour "constater de visu leur vécu" et "leurs aspirations à l'autodétermination".