Des combats entre soldats maliens ont eu lieu vendredi à Bamako alors qu'un kamikaze s'est fait exploser devant un barrage militaire à Gao, ville du nord du Mali, compliquant davatange le conflit qui secoue ce pays du Sahel depuis plus d'un an. Les divisions au sein de l'armée malienne persistent. A Bamako, plusieurs personnes ont été blessées dans l'attaque du camp des "Bérets rouges", proches du président renversé l'an dernier, Amadou Toumani Touré, par des soldats des autres corps de l'armée malienne. "Des militaires lourdement armés, tous corps confondus, ont attaqué le camp", a déclaré Yaya Bouaré, un "Béret rouge" du camp attaqué. "Il y a plusieurs blessés dans le camp", a-t-il ajouté. Cette attaque aurait eu lieu à la suite du refus des "Bérets rouges" de quitter leur camp à Bamako et d'être réaffectés dans d'autres unités pour aller combattre les terroristes dans le Nord, a-t-on expliqué. Fin avril 2012, les "Bérets rouges" avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d'Etat militaire du 21 mars contre Toumani Touré, mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d'un autre corps d'armée appelé, "les Bérets verts". Attentat suicide à Gao, le premier du genre A Gao, ville située à 1.200 km au nord-est de Bamako et contrôlée actuellement par les armées française et malienne, un homme s'est fait exploser dans un attentat suicide visant des militaires maliens, selon l'adjudant Mamadou Keita de l'armée malienne. "il (kamikaze) est mort sur le coup et chez nous, il y a un blessé léger", a-t-il ajouté. L'attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes terroristes qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions. Cette attaque fait suite aux menaces lancées la veille par le Mujao qui avait averti qu'il allait mettre des mines sur les itinéraires et lancer des attaques suicide. Mercredi, quatre civils maliens avaient déjà été tués par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza et Gao (nord). Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient également été tués dans une explosion similaire, sur la même route. Nouvelles avancées dans le nord-est du Mali Après avoir pris jeudi soir le contrôle d'Aguelhok (nord-est), les soldats français et tchadiens, sont entrés vendredi à Tessalit, dans l'extrême nord-est du Mali. "Des éléments français des forces spéciales ont été parachutés sur l'aéroport de Tessalit", a déclaré le porte-parole de l'état-major français, le colonel Thierry Burkhard, précisant que Tessalit était sous contrôle. Cette région est la cible depuis plusieurs jours d'intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d'entraînement. Selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des terroristes se sont réfugiés dans cette même région après le lancement de l'intervention française il y a près d'un mois, à la demande de Bamako. Les forces françaises ont repris le week-end dernier le contrôle de l'aéroport de Kidal, à 1.500 km de Bamako, ancien bastion des terroristes, où quelque 1.800 soldats tchadiens sont entrés depuis pour sécuriser la ville. Par ailleurs, le premier contingent de 70 militaires européens qui vont former l'armée malienne est arrivé vendredi à Bamako, afin d'aider le Mali à assurer sa sécurité à long terme, une fois terminées les opérations militaires en cours contre les groupes terroristes dans le nord du pays. "Nous sommes venus pour permettre à l'armée malienne de tenir l'ensemble du territoire national et pour que le Mali dispose d'une bonne armée, apte à s'engager", a déclaré le colonel français Bruno Heluin, qui commandait ce premier contingent. Au total, 500 militaires européens sont attendus dans le cadre de cette mission.