Le 5ème round de discussions, tenu lundi et mardi à Rabat, entre le Maroc et l'Union européenne pour un nouvel accord de pêche, l'ancien n'ayant pas été renouvelé en décembre 2011 par le Parlement européen (PE), s'est soldé par un échec, les deux parties butent sur l'enveloppe budgétaire à allouer annuellement au royaume, a-t-on appris mercredi. Rabat réclamerait 38 millions d'euros par an au lieu de 36,1 millions tandis que Bruxelles a nettement revu à la baisse son offre qui oscillerait entre 25 et 28 millions d'euros, précise-t-on de mêmes sources. Selon diverses sources proches des négociations, le climat "n'est plus à l'optimisme" qui avait caractérisé les quatre précédents rounds de discussions, soulignant que le cinquième s'est terminé "sans fixer de date" pour la prochaine discussion, laquelle devrait se tenir au siège de la Commission européenne à Bruxelles. Le secrétaire général de la confédération espagnole de pêche (Cepecsa), Javier Garat, a indiqué à l'agence de presse espagnole EFE : "nous devons s'armer de patience" et espérer que "la politique permettra le déblocage des négociations". La Commission européenne prend en considération les réserves et l'opposition, du parlement européen quant à la ratification d'un nouvel accord avec le Maroc, sachant que nombreux sont les eurodéputés qui considèrent le précédent protocole comme très cher, non rentable et surtout non-conforme à la légalité internationale, indiquent les observateurs. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Frans Timmermans a, d'ailleurs, réaffirmé la nécessité de respecter le droit international en ce qui concerne l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc, en réponse aux questions du Parlement néerlandais. Dans une réponse écrite au Parlement de son pays, M. Timmermans a rappelé, à la veille du 5è round, que le Sahara occidental est un territoire non autonome dont la population n'a pas encore décidé de son sort, soulignant à cet égard que tout accord "doit bénéficier à la population autochtone" du territoire. De son coté, le quotidien marocain "Le soir" avait souligné avant le 5e round de négociations à Rabat que "les choses sérieuses sont à discuter au niveau du Parlement européen, là où les considérations d'ordre politique et stratégique prévalent le plus". Le journal avait également noté que "l'histoire de la coopération économique entre les deux partenaires retiendra le rôle crucial et décisif des eurodéputés comme ce fut le cas de la décision du rejet de l'accord de pêche au mois de décembre 2011". Lors du quatrième round, organisé au siège de la Commission européenne (29 janvier-1er février), les négociateurs marocains et leurs homologues européens avaient achoppé sur des contraintes techniques notamment sur le nombre de licences autorisées et les zones de pêche. Rabat voulait maintenir son enveloppe budgétaire alors que Bruxelles réclamait une hausse du quota des captures ou une extension des zones de pêche. L'ancien accord de pêche datant de 2007 n'avait pas été renouvelé par les députés européens qui l'avaient rejeté en recommandant que les intérêts du peuple du Sahara occidental soient "mieux pris en compte". L'ancien accord concédait 119 licences de pêche à la flotte européenne, dont une centaine de bateaux espagnols. Plusieurs ONG avaient dénoncé l'ancien accord qui était en "violation du droit international", puisque le dossier du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, se trouve sous la responsabilité des Nations unies, notamment le Conseil de sécurité et la commission de décolonisation. Les trois précédents rounds de négociations pour un nouvel accord s'étaient tenus respectivement les 15 et 16 janvier à Rabat, les 19 et 20 décembre à Bruxelles et les 10 et 11 novembre à Rabat.