Un troisième round de discussions entre le Maroc et l'Union européenne, en vue d'un nouvel accord de pêche dont l'ancien n'avait pas été renouvelé, en décembre 2011, par le Parlement européen (PE), se tient depuis hier à Rabat, a annoncé le bureau de l'Agence de presse algérienne (APS) de la capitale marocaine. Les deux précédents rounds de négociations entre des experts du ministère marocain de l'Agriculture et de la Pêche maritime et leurs homologues européens s'étaient tenus respectivement les 19 et 20 décembre à Bruxelles et les 10 et 11 novembre dernier à Rabat. Selon le journal marocain «Les échos» reprenant une source proche de la délégation espagnole, les points sur lesquels butent les deux parties «sont davantage d'ordre politique que technique». «Les pourparlers piétinent car le Maroc se refuse d'être à la merci du Parlement européen et de courir le risque d'essuyer un nouveau rejet de la part des eurodéputés», a indiqué cette source au quotidien marocain, ajoutant que Rabat souhaiterait que «le protocole soit soumis sous forme de projet aux eurodéputés» et que les «négociations approfondies» soient entamées une fois que le texte aura reçu le feu vert de l'hémicycle européen. Sur le plan technique, la commission européenne, suite aux voix européennes qui parlent d'un «pacte onéreux pour le contribuable communautaire», et en raison de la crise économique, chercherait à réduire sa part dans la contrepartie financière versée au Maroc, au profit d'une augmentation de celle des armateurs, notamment espagnols qui sont favorables à une rapide reconduction du protocole. Une forte délégation espagnole composée de professionnels du secteur a fait le déplacement à Rabat pour assister aux négociations et faire «du lobbying» afin de s'opposer à cette mise à contribution, proposée par l'Union européenne, visant à revoir à la hausse les redevances versées par la filière ibérique pour l'obtention de licences de pêche, indique-t-on. Pour rappel, l'ancien accord concédait 119 licences de pêche à la flotte européenne, dont une centaine de bateaux espagnols. Signé en 2007, l'accord qui permettait à la flotte européenne, et particulièrement espagnole, de pêcher dans les eaux territoriales du Sahara occidental n'avait pas été reconduit en décembre 2011 par les députés européens, qui l'avaient rejeté en recommandant que les intérêts du peuple sahraoui soient «mieux pris en compte». En riposte à cette décision, les autorités marocaines avaient le jour même de l'annonce du vote du PE, le 14 décembre 2011, demandé à la flottille de pêche européenne de quitter les eaux marocaines et celles du Sahara occidental occupé. Plusieurs ONG avaient dénoncé l'ancien accord qui était en «violation du droit international», puisque le dossier du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, se trouve sous la responsabilité des Nations unies, et encore ouvert au niveau de la commission de décolonisation. Ainsi à Londres, le président de la Western Sahara Resource Watch (Wsrw), M. Erik Hagen, a affirmé, en décembre 2012, qu'en refusant de faire participer le peuple sahraoui aux négociations sur l'accord de pêche avec l'Union européenne (UE), le Maroc «viole le droit international et sape les efforts de paix déployés par l'ONU». «Le Maroc n'est pas en position de négocier avec l'UE sur l'accord de pêche, dans un territoire qui n'est pas marocain», a souligné le président de cette association chargée de la protection des ressources naturelles au Sahara occidental. Le service juridique du PE avait conclu, à travers une étude en 2010, que cet accord de pêche avec le Maroc «ne bénéficie pas au peuple du Sahara occidental et n'obéit pas aux règles et conventions internationales», réaffirmant le fait que toute activité qui n'est pas en conformité avec les souhaits et les intérêts du peuple du Sahara occidental est «illégale». De nombreux gouvernements, parlements et ONG européens ont exigé, pour leur part, l'exclusion des eaux territoriales du Sahara occidental de l'accord de pêche entre l'UE et le Maroc. Les Etats-Unis, rappelle-t-on, ont mis de côté les richesses du Sahara occidental lors des négociations en 2004 pour la conclusion de l'accord de libre-échange (ALE) avec Rabat. R. I.