La guerre civile entre dans son vingt-troisième mois Les combats s'intensifient dans la région de Damas entre les rebelles et les forces syriennes auxquelles le chef de l'opposition a lancé un ultimatum pour accepter son offre de dialogue. Ces affrontements ont fait rage mercredi dans les environs de la capitale où sont retranchés les insurgés, faisant plus de 60 morts. Jeudi, des combats ont éclaté à Qaboun (est) et des troupes ont été envoyées en renfort en province, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé en Grande Bretagne). L'armée s'est dite «déterminée à écraser le terrorisme autour de la capitale et dans les grandes villes», affirmant avoir «tué des dizaines de terroristes qui ont songé à attaquer Damas et à y entrer», selon le journal al-Watan. Dans le quartier de Qaboune à Damas, deux obus de mortier sont tombés sur une gare routière, tuant six personnes dont trois enfants, selon l'Osdh et la télévision officielle syrienne. Dans le centre du pays, les forces syriennes ont repris jeudi le contrôle de Karnaz, une localité de la province de Hama tenue depuis décembre par les rebelles, après 16 jours d'intenses combats, a rapporté l'Osdh. Les forces régulières auraient brûlés «des maisons après le retrait des rebelles», a précisé l'OSDH, tandis que la télévision annonçait la destruction de «repaires des terroristes» à Karnaz. L'Osdh a également rapporté jeudi la mort de 20 ouvriers civils, dont 10 femmes, dans une explosion d'origine non précisée mercredi dans une usine appartenant à l'armée dans la province de Hama. Selon un bilan provisoire de l'Osdh, les violences ont fait au moins 92 morts - 37 civils, 31 soldats et 24 rebelles -jeudi à travers le pays. Parallèlement, l'offre de dialogue adressée au régime par le chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, semblait compromise: M.Khatib a en effet exigé la libération d'ici demain de toutes les prisonnières détenues par le régime, à défaut de quoi il retirerait son offre. Le 30 janvier, M.Khatib s'était dit «prêt à des discussions directes avec des représentants du régime syrien, avec toutefois comme principale condition, la libération de 160.000 personnes détenues depuis le début de la rébellion. L'ultimatum de M.Khatib est intervenu après de violentes critiques au sein de la Coalition de l'opposition, dont le principal groupe a refusé en bloc tout dialogue: le Conseil national syrien (CNS) a en effet rappelé sa conviction que le régime tomberait par les armes et non par la négociation. Le CNS a également fustigé les contacts inédits entamés par M.Khatib et l'Iran, principal allié régional de Damas, les qualifiant de «coup de poignard dans le coeur de la révolution syrienne». L'offre de M.Khatib avait reçu l'aval de Washington, de la Ligue arabe mais aussi des principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran. A Washington, le patron du Pentagone Leon Panetta a pour sa part reconnu jeudi au Sénat américain qu'il avait soutenu la proposition de la secrétaire d'Etat de l'époque, Hillary Clinton, d'armer les rebelles. D'après le New York Times, l'idée, avancée l'été dernier, a été repoussée par la Maison Blanche, le président Barack Obama redoutant, entre autres, une aggravation du conflit syrien et l'embrasement de toute la région.