Les chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) se réuniront en session ordinaire les 27 et 28 février à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire) pour examiner la situation au Mali, où les combats se poursuivaient mardi entre les forces françaises qui appuient les troupes maliennes et les groupes terroristes armés. Le ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébine, M. Abdelkader Messahel, représentera le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, aux travaux de cette 42 ème session ordinaire de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la communauté ouest-africaine. Cette conférence au sommet, à laquelle l'Algérie est invitée en qualité de pays voisin du Mali, examinera la situation qui prévaut dans ce pays à la lumière du mémorandum de la commission de la Cédéao sur le Mali ainsi que les rapports du médiateur et du conseil de médiation de cette organisation régionale. La Cédéao avait tenu la veille une réunion à Abidjan lors de laquelle le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Charles Koffi Diby, dont le pays préside actuellement l'organisation, a souligné la nécessité d'augmenter le financement des opérations militaires au Mali. Il a estimé que les "exigences d'une guerre asymétrique ou d'usure que les narco-terroristes, dans leur activisme, pourraient engendrer, le relèvement des effectifs" africains, fixé à terme à 8.000 hommes, ce qui "s'impose comme une priorité", a-t-il dit Selon le ministre ivoirien, l'estimation financière globale atteindra "950 millions de dollars", soit 715 M euros. Lors d'une conférence organisée fin janvier à Addis Abeba, la communauté internationale avait promis une enveloppe financière de plus de 455 millions de dollars (338 M euros) pour le Mali, destinée à la force africaine dans ce pays (Misma) et à l'armée malienne, ainsi qu'à de l'aide humanitaire. Plusieurs contingents africains se sont engagés dans la guerre contre les terroristes en territoire malien dans le cadre de la MISMA. Au total, près de 8.000 soldats africains sont attendus au Mali pour épauler les forces maliennes et prendre le relais de l'armée française lorsqu'elle se sera retirée. Environ 6.000 d'entre eux seront déployés dans le cadre de la Misma sous l'égide de la Cédéao. Un contingent supplémentaire de 2.000 soldats tchadiens doit participer aux actions militaires en coordination avec la Misma, sans faire partie de la mission. Les combats se poursuivent toujours dans le nord Sur le terrain, les combats se poursuivaient dans le nord du Mali entre les forces françaises qui appuient les troupes maliennes et les groupes terroristes armés. Selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ces affrontements ont fait "beaucoup de morts parmi les terroristes". Le ministre n'a toutefois pas donné "une comptabilité" plus précise. Le déploiement de la Misma soulève la question de l'avenir de la présence française au Mali. Selon M. Le Drian il n'y a pour l'heure aucun calendrier de retrait des troupes françaises du Nord du Mali. Le ministère français des Affaires étrangères a souligné de son côté mardi que ce retrait envisagé à partir de mars ne sera pas "de manière précipitée" et qu'il dépendrait de la situation sur le terrain. Vendredi dernier, de violents combats dans le massif des Ifoghas dans le nord du Mali ont fait 23 morts parmi l'armée tchadienne et 93 parmi les terroristes, a annoncé dimanche l'état-major tchadien. Alors que les affrontements se poursuivent, des représentants des communautés originaires de Tombouctou, dans le nord-ouest du Mali, après une réunion de deux jours au Sénégal ont réclamé un dialogue "inclusif" pour résoudre la crise dans leur pays et "l'arrêt immédiat" des exactions contre les civils. Dans une déclaration signée par 33 personnes, les représentants des communautés de Tombouctou demandent aussi "le déploiement de forces de sécurité républicaines" à même de "rassurer les populations dans leur diversité", l'arrestation et le jugement "des personnes présumées (auteurs) de crimes et d'exactions". La population malienne durement touchée par le conflit Sur le plan humanitaire, le conflit au Mali a affecté 2,8 millions de personnes, dont 250.000 ont été déplacées et plus de 710.000 sont réfugiées. Les populations qui sont restées au Nord ont du mal à avoir accès à l'aide humanitaire. Quelque 450.000 enfants au Mali souffrent de malnutrition simple, selon des estimations du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et 210.000 de malnutrition sévère. L'agence onusienne a lancé un appel de fonds d'urgence à la communauté internationale de 45 millions de dollars pour venir en aide aux femmes et aux enfants maliens et répondre aux besoins de base. Pour aider les populations touchées par le conflit, la Russie a envoyé pour sa part 36 tonnes de couvertures, de tentes et de denrées alimentaires.