Sécuriser la sous-région, marquée par la crise malienne, et assurer la transition en Guinée-Bissau sont les thèmes directeurs du 42ème sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) qui s'est ouvert mercredi à Yamoussoukro (centre, 230 km d'Abidjan). Cette rencontre au sommet, à laquelle l'Algérie est invitée en qualité de pays voisin du Mali, examinera la situation qui prévaut dans ce pays à la lumière du mémorandum de la commission de la Cédéao sur le Mali ainsi que les rapports du médiateur et du conseil de médiation de cette organisation régionale. Le président tchadien Idriss Deby Itno a appelé à l'ouverture des travaux la force ouest-africaine à accélérer son déploiement dans le nord du Mali pour combattre, aux côtés des troupes françaises, maliennes et tchadiennes, les groupes terroristes. "Nous appelons l'état-major de la Cédéao à plus de célérité en accélérant l'envoi des troupes dans la zone libérée", a-t-il déclaré. 1.800 Tchadiens ne font pas partie de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) mais sont en première ligne aux côtés du contingent français. Le Tchad a déjà payé le prix fort. Des combats vendredi ont fait 116 morts, selon l'état-major tchadien : 23 dans les rangs tchadiens et 93 parmi les terroristes. Officiellement plus de 5.000 soldats africains sont déployés au Mali mais loin des zones de combats. Les 1.800 soldats Tchadiens appuient actuellement le contingent français en première ligne dans le massif des Ifoghas (extrême nord-est), zone où se sont repliés une bonne partie des terroristes puissamment armés et sur laquelle se concentrent les frappes aériennes françaises et depuis peu américaines par le moyen de drones déployés au Tchad voisin. Les Etats-Unis ont annoncé lundi avoir déployé une dizaine de drones au Niger, en soutien aux forces françaises au Mali, pour effectuer des vols de surveillance au-dessus de la zone de conflit. Le Niger a confirmé mardi la présence de drones américains sur son sol, en invoquant la nécessité de "sécuriser les frontières" contre des infiltrations de groupes terroristes venant du Mali voisin. Le président nigérien Mahamadou Issoufou a fait le serment de sécuriser les frontières en ayant recours "à des pays amis". Le Niger a porté de 500 à 675 hommes ses effectifs au sein de la Misma, la force africaine au Mali, un contingent essentiellement basé à Gao, la grande ville du Nord du malien. Les chefs d'Etat de la Cédéao (15 pays) réunis dans la capitale politique ivoirienne tenteront d'accélérer le déploiement de la force africaine, la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) où leurs troupes doivent à terme prendre le relais de l'armée française face aux groupes terroristes qui multiplient les attaques. La Côte d'Ivoire a, au nom de la Cédéao, réestimé le financement de la Misma à environ 950 millions de dollars qui seront nécessaires pour financer les opérations militaires et le renforcement prévu des effectifs africains. Par ailleurs, les chefs d'Etat de la sous région souhaitent une transition démocratique en Guinée Bissau où la date du 12 mai a été retenue (Ndlr : mais non encore confirmée par décret présidentiel, 70 jours avant le jour fixé), pour les élections législatives. Les dernières législatives dans ce pays remontent à juin 2002, sous la présidence du général Lansana Conté, décédé en décembre 2008 après 24 ans au pouvoir. C'est actuellement un Conseil national de transition (CNT, non élu) qui fait office de Parlement en Guinée Bissau. D'autres part, ils auront à examiner le rapport du président de la Commission de la Cédéao et voteront pour le renouvellement des instances de l'organisation. Ils devraient, selon les observateurs, consacrer la désignation du président ivoirien Alassane Ouattara pour un second mandat à la tête de l'organisation sous régionale africaine. Le rendez-vous de Yamoussoukro se tient au lendemain d'un nouvel attentat-suicide qui a fait plusieurs morts à Kidal, extrême nord-est du Mali, où sont présents soldats français et tchadiens.