La "séquestration", un vaste plan d'austérité budgétaire, risque de se mettre en place vendredi à minuit aux Etats-Unis en cas de désaccord entre la Maison-Blanche et le Congrès, jetant un vent de panique du fait de ses conséquences néfastes. Le coût financier et social de la "séquestration" se traduira, dans une première phase, par l'amputation des dépenses fédérales américaines pour un montant de 85 milliards de dollars sur sept mois jusqu'à septembre avec la mise en congé sans solde de plus de 800.000 fonctionnaires, freinant une reprise économique déjà fragile aux Etats-Unis. Les effets négatifs du déclenchement éventuel de ce plan déborderont même sur l'économie mondiale, suscitant l'inquiétude du FMI qui a avancé jeudi que la "séquestration" affecterait non seulement les perspectives économiques des Etats-Unis mais aussi celles du reste du monde. Cela s'est déjà fait sentir sur les marchés pétroliers avec le Brent qui a perdu près d'un dollar vendredi à 110,39 dollars le baril, tandis que le brut léger du Nymex cédait 1,03 dollar, à 91,02 dollars le baril. Afin de tenter de résoudre cette impasse budgétaire, le président Barack Obama s'est réuni vendredi à la Maison-Blanche avec les dirigeants républicains et démocrates du Congrès après l'échec des pourparlers entre les élus des deux partis durant ces derniers jours. Le président américain, qui a jusqu'à vendredi 23h59 pour signer l'ordonnance instaurant officiellement ces coupes budgétaires, a déclaré dans un communiqué transmis jeudi soir que les familles de la classe moyenne ''ne peuvent pas continuer à payer le prix du dysfonctionnement qui règne à Washington". Pour lui, "au lieu de mettre un terme à une échappatoire fiscale qui profite au Américains bien nantis, les républicains ont choisi de couper dans les services essentiels destinés aux enfants, aux personnes âgées et aux militaires afin de réduire le déficit budgétaire". Fermement opposé à l'augmentation des impôts aux riches que souhaite Obama, le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, lui rétorqua qu'il n'est pas question ''de voler le peuple américain pour financer davantage le gouvernement". Afin de mettre la pression sur les républicains, le président Obama et plusieurs de ses ministres multiplièrent conférences de presse et déclarations publiques durant ces derniers jours en alertant des conséquences de l'austérité prévue : pertes d'emplois, coupes dans le secteur de la Défense, longues files d'attente dans les aéroports, retards dans les ports, congés sans soldes de milliers de fonctionnaires. Le noeud gordien des négociations, dont il est difficile de pronostiquer les résultats, réside dans le fait que le président Obama veut obtenir un compromis alliant une approche équilibrée dans la réduction des dépenses fédérales avec une augmentation des impôts pour la classe aisée, tandis que les républicains sont contre toute augmentation fiscale.