Le président de Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a averti mardi le Congrès sur le risque du ralentissement de l'économie américaine par l'effet de la "séquestration" qui risque d'être mis en place dès vendredi prochain. La "séquestration" est un dispositif qui prévoit qu'en cas de désaccord entre la Maison-Blanche et les Républicains, avant le 1er mars, sur les modalités de réduction du déficit budgétaire, des mesures de coupes dans les dépenses fédérales seront déclenchées automatiquement à partir de vendredi prochain. Il s'agira de l'annulation de dépenses publiques dans plusieurs secteurs pour un montant de 1.200 milliards de dollars sur dix années dont 85 milliards de dollars dès mars 2013 avec la mise en congé sans solde de plus de 800.000 fonctionnaires. Dans son audition devant la commission bancaire du Sénat, M. Bernanke a fait valoir que la "séquestration" compromettrait la reprise économique des Etats-Unis qui est déjà fragile. Dans ce sens, il a préconisé que "le gouvernement et le Congrès devraient plutôt envisager le remplacement de ces massives et brutales réductions des dépenses budgétaires par des mesures qui permettraient de réduire le déficit fédéral plus progressivement dans le court terme, mais plus nettement dans le long terme". Selon lui, une telle approche pourrait contribuer à réduire "les turbulences budgétaires à court terme tout en traitant plus efficacement les déséquilibres à long terme dans le budget fédéral". Lors de son audition, il a aussi défendu les avantages de la politique monétaire en cours en soulignant que la baisse des taux avait permis de soutenir le redressement du marché immobilier, les ventes d'automobiles ou de biens de consommation et encourager les dépenses des consommateurs dans leur ensemble. Il a cependant prévenu que la Fed devrait être épaulée dans sa tâche et a appelé les élus du Congrès à régler les différends qui les opposent sur ces questions budgétaires afin de ne pas créer un climat d'incertitude. En conséquence, il a émis le souhait que les parlementaires et l'exécutif puissent parvenir à un compromis permettant d'éviter la fermeture partielle des services du gouvernement fédéral et de relever le plafond légal de la dette. Les deux principaux partis du Congrès ont jusqu'ici affiché de la réticence à faire des concessions majeures pour parvenir à un compromis. Depuis plusieurs jours, le président Barack Obama exerce des pressions sur le Congrès pour l'amener à adopter un accord qui permettrait d'éviter cette cure d'austérité. En fait, la difficulté des rudes négociations sur les trois jours restants entre les deux camps réside dans le fait que les républicains considèrent avec intransigeance que toute nouvelle hausse des impôts est hors de question après celle concédée en décembre dernier, alors que le gouvernement avance qu'un compromis est impossible sans une augmentation des taxes pour les riches.