L'Université américaine George Washington a reçu jeudi la militante sahraouie des droits de l'homme, Mme Aminatou Haidar, en visite dans la capitale fédérale américaine et à New York pour plaider la cause du Sahara occidental et dénoncer les violations des droits de l'homme des Sahraouis par le Maroc. Dans une conférence-débat présentée devant des étudiants, des enseignants et des représentants d'organisations américaines des droits de l'homme, Mme Haidar a expliqué la genèse du dossier du Sahara occidental occupé, tout en faisant part du "grave" problème des violations des droits de l'homme perpétrées par les autorités marocaines contre le peuple sahraoui. Devant son auditoire, elle a fait part de la politique de répression brutale et sanglante menée par le Maroc, à travers les arrestations arbitraires, les bastonnades, les mises au secret, les actes de torture, les viols, les exécutions extra judiciaires, les disparitions forcées, jusqu'à l'éjection de personnes à partir d'hélicoptères et l'enterrement de Sahraouis vivants. Accompagnant ses témoignages par la projection d'enregistrements vidéos représentant des scènes de répressions par les forces marocaines, filmées clandestinement dans les territoires sahraouis occupés, et montrant également des corps de Sahraouis affreusement torturés, la militante sahraouie a dénoncé les souffrances endurées par le peuple sahraoui, sous l'oeil indifférent des instances internationales et en dépit des nombreuses résolutions votées par le Conseil de sécurité. Mme Haidar, qui est aussi la présidente du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme (CODESA), a indiqué que le Maroc poursuivait sa violation des droits les plus fondamentaux des civils sahraouis, soulignant, à ce sujet, que les autorités marocaines continuaient à ignorer leurs engagements même après la création de la Commission marocaine des droits de l'homme. Elle a aussi affirmé que ces actes de violations, dont elle-même a été victime à plusieurs reprises, n'avaient épargné aucune frange de la société sahraouie, dont les femmes, les personnes âgées et les enfants. Affirmant que le sort de 500 Sahraouis disparus reste encore inconnu jusqu'à ce jour, elle est revenue, dans le même contexte, sur la condamnation récente par le tribunal militaire de Rabat de 24 détenus politiques sahraouis à de lourdes peines, un verdict qui a été fortement critiqué par le Haut Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme et par la communauté internationale. A ce propos, elle a relevé la "nécessité urgente" de l'introduction d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme dans le mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO). Outre cette conférence donnée à Washington, Mme Haidar a également pris part à une rencontre organisée mardi dernier au siège de l'ONU (New York) par le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'homme. Cette rencontre a porté sur la violation des droits de l'homme au Sahara occidental, en présence notamment des représentants de plusieurs Etats membres de l'ONU et de l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross. Organisé en partenariat avec les Missions permanentes respectives de l'Afrique de Sud, de l'Angola, du Mozambique et du Zimbabwe, cet événement avait pour but de sensibiliser la communauté internationale et notamment le Conseil de sécurité, qui prévoit l'examen de la question en avril, de la situation prévalant au Sahara occidental occupé et des violations des droits de l'homme commises par les autorités marocaines. A rappeler que Mme Haidar a été distinguée par plusieurs distinctions internationales dédiées aux droits de l'homme, dont le Prix Robert F. Kennedy, le Prix René Cassin, le Prix Silver Rose décerné par l'alliance internationale Solimar (qui rassemble des ONG solidaires du peuple sahraoui), ainsi que le Prix basque Juan Maria Bandres pour la défense du droit d'asile et la solidarité avec les réfugiés. Elle a également reçu, respectivement, la citoyenneté honoraire de la ville toscane de Montespertoli (Italie), et le titre de citoyenne d'honneur de la ville de Florence (Italie), alors qu'en 2008, l'organisation pacifiste américaine American Friends Service Committee avait proposé sa nomination au prix Nobel de la paix.