La tension est montée d'un cran contre le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, confronté à un mouvement de protestations animé par les sunnites hostiles à la politique du gouvernement en place, alors qu'un manifestant a été tué vendredi à Mossoul (nord). Ce vendredi, les manifestations de protestations ont de nouveau rassemblé plusieurs milliers de personnes, en particulier dans la province d'al-Anbar (ouest) et près de Kirkouk (nord). Mossoul, située à 350 km au nord de Baghdad, est un des hauts lieux de cette contestation. Dans cette ville du Nord, au moins un protestataire a été tué et six autres ont été blessés par les forces de l'ordre en marge d'une manifestation antigouvernementale, selon un des responsables du mouvement. D'après Ghazi Fayçal, des "tirs de la police et de l'armée sur une place centrale de Mossoul ont entraîné la mort d'un manifestant qui avait été atteint au visage". Selon un officier de police, les troubles ont débuté lorsque des manifestants avaient lancé des pierres en direction des forces de l'ordre, en réaction à l'arrestation pendant la manifestation d'un influent cheikh sunnite. Un policier a procédé en vain à des tirs de sommation pour disperser les manifestants, puis d'autres agents ont ouvert le feu, a expliqué cette même source. La contestation entre dans son troisième mois Depuis fin décembre et l'arrestation de gardes du ministre sunnite des Finances, Rafeh al-Issawi, les manifestations se sont multipliées dans les régions d'Irak où les sunnites sont majoritaires et s'estiment "marginalisés" par le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki. Le 25 janvier dernier, la dispersion par les forces de l'ordre irakiennes d'un rassemblement anti-gouvernemental près de Falloujah, à l'ouest de Baghdad, avait fait huit morts parmi les manifestants, et deux soldats avaient été tués en représailles. Outre le départ de M. al-Maliki, les manifestants réclament la libération de prisonniers sunnites qu'ils jugent "injustement incarcérés", ainsi que l'abrogation de lois antiterroristes, dont ils estiment faire les frais. Pour apaiser la tension, le gouvernement irakien a relâché récemment plusieurs milliers de prisonniers et augmenté le salaire des miliciens sunnites ralliés à la lutte contre le réseau extrémiste d'Al-Qaïda. La démission d'un ministre aggrave la crise Mais la contestation s'est poursuivie : le 1er mars, M. Issawi, le ministre des Finances a annoncé sa démission au cours d'une manifestation dans la province d'al-Anbar, en signe de protestation contre l'arrestation de ses gardes. Mais le bureau d'al-Maliki a affirmé que la démission de M. Issawi ne serait pas acceptée avant la fin d'un enquête concernant "ses violations financières et administratives", avait indiqué alors la télévision d'Etat irakienne. M. Issawi, membre du bloc laïque Iraqiya dénonce, avec d'autres membres du gouvernement, un exercice autocratique du pouvoir de la part de Nouri al-Maliki, en évoquant sa mainmise sur les ministères de l'Intérieur et de la Défense et le blocage de plusieurs projets de loi au Parlement par sa formation +l'Alliance pour l'Etat de droit".