Des milliers de protestataires ont manifesté dans des régions à majorité sunnite contre le Premier ministre chiite. Un responsable politique sunnite a imputé jeudi la responsabilité de la mort de son neveu, tué par balles mercredi dans le nord de l'Irak, aux forces antiterroristes qui dépendent directement du Premier ministre Nouri al-Maliki. Ces accusations d'Athil al-Noujaifi, gouverneur de la province de Ninive (nord), risquent d'aggraver les tensions entre M. Maliki, un chiite, et la communauté sunnite, minoritaire dans le pays, qui se traduisent notamment par des manifestations, depuis plus de dix jours, réclamant la démission du Premier ministre. La brigade antiterroriste, qui dépend directement du bureau de M. Maliki plutôt que des ministères de l'Intérieur ou de la Défense, est vivement critiquée par les détracteurs du Premier ministre. Un responsable de la brigade, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a affirmé que ses forces n'avaient eu ́ ́aucune mission à Mossoul ́ ́ au moment de l'incident. La victime était le fils du colonel Khaled al-Noujaifi, le chef des gardes du corps du président du Parlement Oussama al-Noujaifi, tous les deux frères du gouverneur Athil al-Noujaifi. Oussama al-Noujaifi fait partie d'Iraqiya, un bloc laïque soutenu par les sunnites et membre de la fragile coalition gouvernementale. Comme d'autres responsables sunnites, il accuse le Premier ministre d'accaparer le pouvoir. Des milliers de protestataires ont continué à manifester depuis jeudi dans des régions à majorité sunnite en Irak, contre le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, et pour la libération de prisonniers, des protestataires auxquels se sont joints des chiites. Dans une tentative d'apaisement, un porte-parole de la justice a annoncé la libération de 11 prisonnières, après que M.Maliki ait affirmé mardi que 700 détenues allaient être relâchées. La libération de prisonniers constitue l'une des principales revendications des manifestants qui accusent les autorités, dominées par les chiites, d'avoir recours à la législation antiterroriste pour viser la minorité sunnite. Comme c'est le cas depuis le début de la mobilisation le 23 décembre, les plus grands rassemblements ont eu lieu à Ramadi, dans la province d'Anbar (ouest), où les protestataires continuent de bloquer une autoroute reliant Baghdad à la Jordanie et la Syrie. Les manifestants brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire ́ ́Etat de non-droit ́ ́, en référence au bloc politique de M.Maliki, ́ ́Etat de droit ́ ́. Ce mouvement de protestation fait suite à l'arrestation pour ́ ́terrorisme ́ ́ le 20 décembre d'au moins neuf gardes du ministre des Finances Rifaa al-Issawi, un sunnite souvent critiqué par ses collègues chiites du gouvernement. Signe que le mécontentement vis-à-vis du gouvernement dépasse les frontières confessionnelles, des centaines de chiites de Baghdad et de provinces au sud de la capitale se sont joints aux manifestants, quelques jours après que Moqtada al-Sadr, un puissant chef chiite dont le mouvement compte 40 députés et cinq ministres, a apporté son soutien aux protestations. ́ ́Cette manifestation est bien accueillie par tous les Irakiens. Elle n'est pas sectaire ́ ́, a déclaré Ahmed Ali Hussein, un professeur de l'université de Kerbala, ville sainte chiite au sud de Baghdad. ́ ́Nous sommes tellement contents de voir que nos frères chiites nous soutiennent ́ ́, a déclaré pour sa part Joumaa Nasser al-Ani, imam d'une mosquée de Ramadi. Des manifestations ont eu lieu également dans les provinces de Ninive et Salaheddine, au nord de Baghdad, où des milliers de personnes ont également appelé à la démission de M.Maliki.