La violence contre les femmes en milieu professionnel est encouragée par la "précarité" de l'emploi et "l'absence" d'un cadre juridique adéquat, selon le Rassemblement contre la hogra (le mépris) et pour les droits des Algériennes (Rachda). Lors d'une rencontre sur le harcèlement sexuel en milieu professionnel et la violence contre la femme, organisée samedi à Alger, des intervenantes ont souligné que a précarité de l'emploi a contribué, au cours des dernières années, à "la recrudescence" du harcèlement sexuel en Algérie. La syndicaliste Soumia Salhi a constaté que "de nombreux responsables profitent de la situation précaire des femmes, employées en vertu d'un contrat à durée déterminée (CDD), pour les harceler sans qu'elles puissent se défendre par crainte d'être virées", a-t-elle expliqué. Selon cette responsable de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), l'augmentation des cas d'harcèlement sexuel dans le milieu professionnel est due également à l'absence d'un "cadre juridique adéquat" et à "la stigmatisation" de la femme active dans les sociétés patriarcale" à l'image de l'Algérie. Mme Salhi a, toutefois, souligné l'existence d'une "indignation" de plus en plus importante en Algérie vis-à-vis du harcèlement sexuel contre la femme et notamment, dans son milieu professionnel. "Le harcèlement sexuel contre les femmes dans leur milieu professionnel suscite de l'indignation chez toutes les couches de la société car", a-t-elle expliqué avant de souligner que l'amendement en 2005 du Code de la famille, avait permis "une meilleure protection" des femmes algériennes qui étaient considérées par l'ancienne loi comme des " mineurs éternelles". La crainte de représailles Un professeur en médecine légale, Mme Merah, a, quant à elle, déploré la hausse de la violence au sein des couples mariés où de "nombreux époux battent leurs femmes". Elle a, dans ce sens, relevé que 28% des cas de coups et blessures enregistrés en 2012 par les services de médecine légale, à l'échelle nationale, concernaient des femmes battues par leurs maris. De nombreuses femmes victimes de violence conjugale hésitent de déposer plainte contre leurs maris agresseurs et établissent des certificats, chez des médecins légistes, juste pour "au cas où". Les raisons qui empêchent les femmes violentées de poursuivre judiciairement leurs maris sont "la crainte de détruire la famille, l'absence de soutien, la crainte d'être rejetées par la société, la méconnaissance de leurs droits et l'espoir de voir un jour leurs maris changer", a-t-elle dit. La violence conjugale doit être considérée comme une "priorité" de santé publique, selon le professeur qui a relevé la nécessité de construire des centres d'accueil pour prendre en charge les femmes victimes. Plus de 8.700 femmes agressées De son côté, la commissaire divisionnaire, Mme Kheira Messaoudène, a indiqué que les services de police avaient enregistré en 2012 un total de 8.748 plaintes émanant de femmes victimes de différentes formes de violence. Ce phénomène touche désormais des femmes de différent âge (de 19 à 75 ans) et de divers milieux sociaux, qu'elles soient actives, au foyer, étudiantes, maman ou épouses. Dans le but de lutter contre ce phénomène, la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a consacré des services spéciaux pour enregistrer les plaintes des femmes victimes et prendre en charge leurs cas, a souligné Mme Messaoudène.