Le Soudan et le Soudan du Sud reprennent dimanche à Addis-Abeba les discussions sur le dispositif de sécurité après avoir conclu récemment un arrangement ouvrant la voie à la mise en œuvre des accords signés en septembre 2012, une importante étape dans le processus de normalisation des relations entre les deux pays voisins. Plusieurs réunions portant sur le Mécanisme politique et de sécurité commun (JPSM) doivent avoir lieu dans la capitale éthiopienne entre les ministres de la Défense des deux Soudan, selon le quotidien soudanais "Al Ray Al Am". "Les deux parties devraient discuter des sujets relatifs aux accords sur les dispositifs de sécurité, se familiariser avec la progression du retrait des troupes des deux pays de la zone démilitarisée, et évoquer le problème de la rupture du lien entre l'armée sud-soudanaise et le Mouvement populaire pour la libération du Soudan/Secteur nord (SPLM/Nord)", toujours d'après le journal. Retrait des zones contestées : instaurer la confiance Vendredi dernier, le Soudan et le Soudan du Sud avaient signé un accord sur la mise en œuvre concrète des dispositifs de sécurité conclus par les deux pays en septembre 2012 à Addis-Abeba. Deux jours plus tard, les armées soudanaise et sud-soudanaise ont annoncé le retrait de leurs troupes de plusieurs zones contestées à la frontière entre les deux pays, dans une nouvelle tentative pour mettre en place une zone tampon après une année d'affrontements meurtriers. Selon le ministre soudanais de la Défense, Abdul-Rahim Mohammed Hussein le retrait des forces devrait durer une semaine. Une démarche qui vise à instaurer la confiance entre les deux Etats qui se sont brièvement fait la guerre au printemps 2012. Les accords signés le 27 septembre 2012 prévoient la coopération dans divers domaines avec pour objectif de régler un certain nombre de questions en suspens entre les deux pays voisins. Ces accords concernent les questions sécuritaires, économiques, les populations, le commerce, le tracé de la frontière, la coopération bancaire et l'exportation de pétrole du Soudan du Sud. L'accord sur le pétrole pour sceller la réconciliation Autre question qui envenime les relations entre les deux pays, l'épineux dossier du pétrole. Les deux parties ont paraphé la semaine dernière un accord aux termes duquel elles ont donné "un délai de 14 jours", à compter de la date de signature, "pour ordonner aux compagnies pétrolières de rétablir la production", dont l'arrêt depuis plus d'un an a durement affecté les deux économies. Mais selon des spécialistes en la matière, si l'accord était mis en œuvre, la réouverture effective des oléoducs, nécessite plusieurs semaines. Juba a hérité de 75% des réserves de brut du Soudan pré-sécession mais, enclavé, dépend pour l'exporter des oléoducs du Nord. En janvier 2012, il avait cessé sa production, furieux que Khartoum ait prélevé de son brut au titre des droits de passage, faute d'accord alors sur leur montant. L'arrêt de la production a privé depuis janvier le jeune Soudan du Sud, indépendant depuis juillet 2011, de 98% de ses recettes et parallèlement mis à mal l'économie soudanaise. Al-Bachir prêt à se rendre à Juba Le président soudanais Omar Al-Bachir a accepté une invitation à se rendre au Soudan du Sud, faite par son homologue sud-soudanais Salva Kiir, une visite si elle se concrétise sera la première pour le chef de l'Etat soudanais depuis le sécession du sud. Selon le secrétaire de la présidence soudanaise chargé de la presse, Emad Sayed Ahmed, c'est le président sud-soudanais Salva Kiir qui a demandé à son homologue al Bachir de venir à Juba, et ce dernier a accepté cette demande. Mais aucune date pour cette rencontre n'a été fixée. Il s'agirait de la première visite à Juba de M. Al-Bachir depuis la déclaration d'indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011, après des accords de paix conclus en 2005 ayant mis fin à des décennies de guerre civile. La reprise des discussions entre Khartoum et Juba intervient alors qu'une délégation du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) est attendue lundi au Soudan pour une visite officielle de trois jours. Cette visite vise notamment à consolider les efforts de paix entrepris par les deux Soudans sous les auspices de l'UA.