La journée de mardi a été particulièrement meurtrière en Irak avec la mort de 50 personnes dans une nouvelle série d'attentats, alors que le gouvernement vient de reporter, dans certaines provinces, les élections prévues en avril du fait de l'instabilité. Selon un bilan officiel, les attaques de mardi ont fait 50 morts et blessé 171 personnes, mais les autorités irakiennes ont averti que ce bilan pourrait s'alourdir dans la journée. Il s'agit de la journée la plus sanglante depuis le 9 septembre dernier, où 76 personnes avaient péri dans une vague de violences. Au total, quinze voitures piégées, un attentat commis à l'aide d'un engin improvisé et plusieurs assassinats ciblés ont ensanglanté le pays. Les attaques ont touché les quartiers de Sadr City, Machtal, Zafraniya, Baghdad Jadida, Kazimiya, Chouala, Saïdiya et Mansour, mais aussi la ville d'Iskandariya, à 50 km au sud de la capitale. Condamnant les attentats de mardi, l'Organisation de la Coopération islamique (OCI) a appelé l'ensemble du peuple irakien à "préserver l'unité du pays et à lutter contre le terrorisme". De leur côté, la Russie et l'Espagne ont vivement condamné ces attentats, et exprimé leur soutien "total" aux Irakiens dans la lutte contre le terrorisme, selon les ministères des Affaires étrangères des deux pays respectifs. -Des élections reportées en raison de l'instabilité- Du fait de l'insécurité qui règne dans le pays, le gouvernement a décidé de reporter de "six mois au maximum" dans les provinces majoritairement sunnites d'al-Anbar et de Ninive, les élections provinciales prévues le 20 avril prochain. Un membre de la commission électorale, avait dans un premier temps assuré que le report concernait les 14 des 18 provinces irakiennes dans lesquelles le scrutin devait avoir lieur. Mais Ali Moussaoui, le porte-parole de Nouri al-Maliki, a expliqué que cette mesure ne concernait que les provinces d'al-Anbar, à l'ouest du pays, et de Ninive, au nord mettant en avant la situation sécuritaire très instable qui règne dans ces régions. "De nombreux candidats ont été menacés, d'autres tués", a-t-il fait valoir. Ninive et al-Anbar sont le théâtre depuis fin décembre de manifestations qui réunissent chaque vendredi plusieurs milliers de sunnites, pour protester contre la "marginalisation" dont ils s'estiment victimes de la part du gouvernement du chiite Nouri al-Maliki. Dixième anniversaire de l'invasion sur fond de violences Le nouveau bain de sang enregistré mardi en Irak survient au moment où le pays s'apprête à marquer le dixième anniversaire de son invasion par une coalition emmenée par les Etats-Unis (20 mars 2003). Selon un nouveau rapport publié par l'ONG Iraq Body Count, basée en Grande-Bretagne, au moins 112.000 civils ont été tués depuis le début de l'invasion. A elle seule, la capitale irakienne compte pour 48% des décès de civils survenus dans des violences depuis le début de l'invasion en mars 2003, selon l'ONG. Les violences qui continuent de frapper l'Irak visent souvent la police et l'armée irakiennes, ainsi que les organes gouvernementaux pour tenter de déstabiliser le gouvernement de Nouri al-Maliki. Ce dernier fait face depuis décembre dernier à une vague de manifestations réunissant chaque vendredi des dizaines de milliers de personnes dans les régions sunnites. Deux ministres du bloc Iraqiya, laïc mais dominé par les sunnites, ont déjà claqué la porte depuis début février. Un autre ministre, celui des Communications, avait présenté sa démission l'été dernier pour protester contre la "corruption" et l'"ingérence" dans les affaires de son ministère, dont M. al-Maliki et son entourage se rendaient coupables, selon lui.