Scepticisme n Le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki est arrivé en tête des législatives de dimanche, mais pourrait ne pas conserver son poste, faute de majorité. Ses partisans pensent avoir obtenu un tiers des sièges, un résultat qui sera toutefois insuffisant pour se maintenir comme chef du gouvernement, car ses opposants politiques refusent de composer avec lui, estiment des experts. «Il semble que nous obtiendrons une centaine de sièges et il y aura un écart important avec la liste suivante», a affirmé, hier, une source proche de M. Maliki. «Il nous est impossible de former un gouvernement sans l'appui d'autres mouvements», a confié, pour sa part, un conseiller du Premier ministre. L'Alliance de l'Etat de droit de Maliki arrive en tête dans les neuf provinces chiites du Sud. Le Bloc Irakien de l'ex-Premier ministre, Iyad Allawi, remporte largement les quatre provinces majoritairement sunnites (Al-Anbar, Salaheddine, Ninive et Diyala) et fait un bon score dans trois régions chiites. Il y a 119 sièges à pourvoir dans les provinces chiites contre 70 dans les régions sunnites, pour un total de 325 sièges. Le grand perdant du scrutin est la coalition chiite avec laquelle Maliki a rompu pour faire cavalier seul, qui n'obtient qu'une modeste troisième place. L'Alliance nationale irakienne (ANI), regroupant le Conseil supérieur islamique d'Irak et les partisans du chef radical Moqtada Sadr, dominait le «pays chiite» et le Parlement sortant. La liste Kurdistania, constituée des deux partis traditionnels kurdes, arrive en tête dans les trois provinces kurdes, où la participation a atteint 80% à Dohouk, suivie des contestataires du Goran (Changement). Elle l'emporte aussi dans la province multiethnique de Kirkouk. «Maliki aura du mal à être le prochain Premier ministre, car il lui manque une majorité suffisante et la plupart des autres partis n'en veulent pas», commente un professeur de sciences politiques à l'université de Bagdad. Le taux de participation aux élections législatives irakiennes a atteint 62,4% et les électeurs sunnites ont voté plus largement que les chiites. Ce taux est plus faible que lors des premières élections législatives de 2005 de l'après Saddam Hussein, lorsque la participation avait officiellement atteint 76%. Les chiffres confirment que les provinces sunnites ont voté plus que les provinces chiites. Al-Anbar a enregistré un taux de 61%, Diyala 62%, Ninive 66%, et Salaheddine 73%. La participation dans les provinces chiites du Sud oscille entre 57 et 63% alors que la capitale Bagdad a voté assez faiblement 53%. Les Kurdes ont voté massivement, avec une participation de 80% à Dohouk et 73% à Souleimaniyeh et Erbil. Les résultats complets seront annoncés le 18 mars, et les résultats officiels, après examen des éventuelles plaintes, à la fin du mois. Si ce chiffre est en retrait par rapport à 2005 (76%), les Irakiens ont infligé un camouflet à Al-Qaîda qui avait menacé de mort quiconque participerait au scrutin. Les violences ont fait 38 morts dimanche.