Plusieurs pays et organisations internationales dont l'Union africaine (UA) ont condamné la prise de pouvoir par la force par les rebelles du Séléka en Centrafrique, et appelé au "rétablissement rapide de l'ordre constitutionnel" dans ce pays. Se disant profondément préoccupée par les derniers développements à Bangui, tombée dimanche aux mains des rebelles du Séléka, la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a réitéré dans un communiqué "la ferme condamnation de l'organisation panafricaine de la reprise injustifiée des hostilités par le Séléka". La décision des dirigeants du Séléka de recourir à nouveau à la force "constitue un sérieux défi à l'autorité individuelle et collective des chefs d'Etat de la région, qui se sont activement investis dans la recherche d'une solution politique,... et éloigne encore davantage les perspectives de retour à la paix en RCA", selon le texte. Dlamini-Zuma a souligné que cette prise de pouvoir par la force "constitue une violation caractérisée de l'Acte constitutif de l'UA, de la Déclaration de Lomé sur les changements anticonstitutionnels de Gouvernement et de la Charte africaine de la Démocratie, des élections et de la Gouvernance, ainsi que des décisions de l'UA sur le rejet absolu du recours à la rébellion armée pour faire valoir des revendications politiques". Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a, lui aussi, condamné dimanche la prise de pouvoir "anticonstitutionnelle" intervenue à Bangui et s'est déclaré "inquiet" des rapports faisant état de "sérieuses" violations des droits de l'homme, selon son porte-parole Martin Nesirky. M. Ban "appelle au rétablissement rapide de l'ordre constitutionnel", et "réitère que les accords de Libreville (..) restent le cadre le plus viable pour assurer une paix durable et la stabilité dans le pays". L'évolution négative de la situation en Centrafrique a également suscité la préoccupation des Etats-Unis qui ont appelé les rebelles Séléka à "respecter les accords de Libreville sur une sortie de crise", affirmé dimanche la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, dans un communiqué. Washington se dit également "très inquiet" par la dégradation de la situation humanitaire et par "les informations crédibles et nombreuses faisant état d'atteintes aux droits de l'homme, à la fois par les forces de sécurité et par les rebelles Séléka". La FOMAC appelée à aider à sécuriser Bangui Au Tchad, pays qui fait partie de Force multinationale d'Afrique centrale (FOMAC), déployée en Centrafrique, le président Idriss Déby Itno a appelé cette force à aider à "sécuriser Bangui". Pour le chef de l'Etat tchadien et président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), l'accord de Libreville "doit continuer à servir de base au règlement de la crise centrafricaine jusqu'à la tenue d'élections libres et transparentes". La CEEAC est disposée à appuyer tous les efforts faits dans ce sens", a-t-il ajouté, avant d'appeler, au nom des membres de la CEEAC, l'Union africaine,, les Etats-Unis et la France à "soutenir cette démarche, seule susceptible de conduire la République centrafricaine aux élections dans la paix et la sérénité". Les rebelles centrafricains de la coalition Séléka ont pris le contrôle de Bangui dimanche dans la matinée, au terme d'une offensive éclair lancée pour renverser le président François Bozizé au pouvoir depuis 2003. Ce dernier a fui le pays peu avant la chute de la capitale, vers une destination qui reste inconnue. La rébellion avait lancé une première offensive le 10 décembre dans le nord du pays avant de stopper sa progression sous la pression internationale à 75 km au nord de Bangui. Le président centrafricain François Bozizé et l'opposition avaient signé le 11 janvier à Libreville (Gabon) un accord prévoyant un cessez-le-feu immédiat et une transition d'un an avec un gouvernement d'union nationale composé de représentants du camp Bozizé, de l'opposition et de la rébellion. Mais arguant du non-respect des accords par le clan Bozizé, les rebelles du Séléka ont déclenché à nouveau les hostilités vendredi et déclaré vouloir mettre en place un "gouvernement de transition". Quant à l'Afrique du Sud, elle a déploré la mort d'au moins 13 de ses militaires dans des combats en Centrafrique. "Nos soldats ont payé le prix ultime au service de leur pays, l'Afrique. Nous leur rendons honneur", a déclaré lundi le président Jacob Zuma ajoutant que ces hommes déployés en soutien au président Bozizé avaient combattu des "bandits". Situation humanitaire critique à Bangui Peu après la chute de Bangui aux mains des rebelles, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé un appel pour pouvoir déployer son personnel dans la capitale où "beaucoup de blessés" affluent dans les hôpitaux et centres médicaux. Aussi, l'organisation humanitaire basée à Genève a lancé un appel "pour que le personnel médical et les secouristes puissent avoir accès aux blessés et mener leur travail sans être inquiétés". Elle a appelé, par ailleurs, au respect de la population civile, des personnes ne participant pas ou plus aux combats, des blessés, des structures médicales et du personnel de la Croix-Rouge. "Nous avons constaté des scènes de pillage et demandons à toutes les parties au conflit de respecter les biens de la population", déclare le chef de la délégation du CICR en Centrafrique, Georgios Georgantas.