L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, ne pourrait s'acquitter convenablement de sa mission tant que la France, membre du Conseil de sécurité de l'ONU, continuera à soutenir le Maroc, a déclaré mardi à Alger le ministre sahraoui des Affaires etrangères, M. Mohamed Salem Ould Salek. M. Ross ne peut avoir de "prérogatives ou de pouvoir de décisions plus importants que ceux du Conseil de sécurité", dont la France en est membre permanent, et qui à chaque fois fait valoir son droit de veto, a affirmé M. Ould Salek lors d'une conférence de presse. "La France, pays des droits de l'homme, soutient le Maroc, alors que celui-ci occupe illégalement le Sahara occidental", a-t-il ajouté. Il a déploré le fait que, d'un côté, la France est intervenue militairement dans plusieurs pays, dont le Mali, "pour imposer la démocratie", et, d'un autre côté, elle continue de soutenir le Maroc, "un pays qui commet les crimes les plus atroces contre le peuple sahraoui qui ne réclame, de façon pacifique, que son indépendance". Le chef de la diplomatie sahraouie a exhorté la communauté internationale à agir en urgence, afin d'éviter, a-t-il prévenu, "le pourrissement de la situation qui pourra avoir des conséquences incalculables sur la stabilité de la région". Il s'est ainsi interrogé si le pourrissement de la situation n'était pas l'objectif du Maroc et des pays qui le soutiennent. M. Ould Salek a indiqué, à cette occasion, que M. Ross se trouve actuellement dans les camps de réfugiés sahraouis, où il sera reçu par les hautes autorités du Front Polisario. La visite de M. Ross dans la région, qui s'inscrit dans le cadre de sa mission et des différentes résolutions du Conseil de sécurité, vise à préparer la prochaine étape de négociations et une probable reprise de pourparlers directs pour parvenir à "une solution politique acceptée par les deux parties et permettant au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination". M. Ross, qui a entamé dimanche une visite à Dakhla, a eu samedi à El-Ayoun des contacts avec plusieurs ONG sahraouies de protection des droits de l'homme, au moment même où les forces marocaines ont "réprimé violemment" une manifestation pacifique réclamant l'indépendance du Sahara occidental. Cette nouvelle visite de M. Ross dans la région intervient après celle effectuée, en octobre dernier, à la suite de laquelle il avait présenté un rapport devant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies. L'Envoyé personnel de Ban Ki-moon avait alors exprimé sa "forte préoccupation" du statu quo de la situation en prévenant que s'il perdurait, "ce conflit pourrait nourrir une frustration croissante et déclencherait de nouvelles violences et hostilités qui seraient tragiques pour les peuples de la région". A la fin janvier dernier, M. Ross avait entrepris, dans ce cadre, des consultations afin d'établir un soutien international supplémentaire pour les négociations en effectuant une visite, tout d'abord, à Washington où il s'était entretenu avec de hauts responsables du Département d'Etat américain. Après les Etats-Unis, il s'était rendu successivement en Russie, en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse et en Espagne ainsi qu'au Maroc.