L'Union des Nations sud-américaines (Unasur) tient, jeudi à Lima, une réunion extraordinaire pour évoquer la situation au Venezuela, au lendemain de l'élection présidentielle remportée par Nicolas Maduro, une victoire toujours contestée par l'opposition qui a déposé un recours réclamant un nouveau comptage des votes. Selon un communiqué, l'objectif de la rencontre, dont l'initiative a été lancée par le président péruvien Ollanta Humala, est d'"examiner les récents événements" au Venezuela, plongé dans la crise après l'annonce de la victoire à la présidentielle de Nicolas Maduro, qui a débouché sur des manifestations violentes. Les présidentes d'Argentine, Cristina Kirchner, et du Brésil, Dilma Rousseff, ont confirmé leur participation à la réunion ainsi que le président d'Uruguay José Mujica. Le gouvernement vénézuelien devrait être représenté par le ministre des affaires étrangères Elias Jaua. Nicolas Maduro, 50 ans, dauphin du défunt président Hugo Chavez, été proclamé président du Venezuela après avoir remporté lors du scrutin de dimanche 50,75% des voix, contre 48,97% pour Henrique Capriles, le gouverneur de l'Etat de Miranda (nord), selon le Conseil national électoral (CNE). Pour la présidente du Conseil, "ce sont les résultats irréversibles décidés par le peuple dans ce processus électoral". Mais le candidat de l'opposition Capriles refuse toujours de reconnaître la victoire de son adversaire. Quelques heures après l'annonce des résultats du vote, des milliers de manifestants partisans de l'opposition avaient envahi des quartiers de Caracas à l'appel de Capriles, provoquant des affrontements avec les forces de l'ordre. Ces manifestations ont fait sept morts, dont un fonctionnaire de police de l'Etat de Tachira (ouest), selon les autorités vénézuéliennes. L'opposition insiste toujours sur un nouveau comptage des votes Réclamant un nouveau comptage des voix, le camp du candidat malheureux au scrutin a déposé un recours officiel auprès du Conseil national électoral. "Un nouveau comptage a été sollicité, avec la vérification des bulletins, des actes de vote et des registres électoraux", a indiqué M. Capriles la veille sur son compte Twitter. Invoquant des irrégularités commises lors du scrutin, cet avocat de 40 ans, réclame un nouveau comptage des bulletins émis par les machines de vote électronique. Toutefois, le Tribunal suprême de justice (TSJ), la plus haute instance judiciaire, a averti mercredi qu'un comptage manuel ne pouvait être réalisé, n'étant pas prévu dans la Constitution. "Depuis la Constitution de 1999, a été supprimé le processus manuel pour les élections. Au Venezuela, le système électoral est totalement automatisé, de sorte qu'un comptage manuel n'existe pas", a déclaré la présidente du TSJ, Luisa Estela Morales. "Les gens qui ont cru qu'un tel comptage aurait pu être réalisé ont été trompés", a souligné Mme Morales, déplorant que certains aient été "incités à lancer une bataille sans fin dans les rues". Le CNE avait précisé que 54% des urnes avaient fait l'objet d'un nouveau comptage mais que les bulletins papier n'étant qu'un reçu complémentaire au vote électronique, il n'était pas nécessaire de recompter l'ensemble des bulletins pour annoncer un résultat définitif. L'élection de M. Maduro a déjà été saluée par la quasi-totalité des pays d'Amérique latine, mais pas par les Etats-Unis qui n'ont pas d'ambassadeur respectif avec le Venezuela depuis 2010. Washington estime "qu'il doit y avoir un nouveau comptage des votes". L'OEA inquiète, appelle au dialogue Se disant préoccupé par les évènements qui se sont produits ces derniers jours au Venezuela, le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA) José Miguel Insulza a souligné que "le recours à la violence doit être fermement rejeté". Il a lancé un "appel fervent au dialogue, mécanisme essentiel pour s'assurer que n'importe quel pays peut être gouverné". M. Insulza s'était dit favorable à un nouveau décompte des bulletins de vote, comme le réclame M. Capriles, proposant l'aide d'experts de l'OEA, une initiative qui a été refusée par les autorités vénézuéliennes.