Des centaines de manifestants islamistes se sont rassemblés vendredi devant la Cour suprême dans le centre du Caire pour exiger "l'assainissement de la justice" à l'appel des courants islamistes dont les Frères musulmans au moment où les forces de l'opposition ont dit redouter l'impact de tels mouvements sur l'indépendance de la justice. Les manifestants ont scandé des slogans prônant le changement du pouvoir judiciaire et "l'assainissement de la justice des résidus de l'ancien régime". Ils appellent aussi au départ du ministre de la justice et à l'organisation de procès "révolutionnaires". D'autres manifestants ont convergé vers la place Tahrir pour rejoindre les milliers de manifestants de l'opposition qui s'y trouvent depuis des mois et qui ont menacé de riposter contre toute tentative des manifestants du courant islamiste d'investir les lieux. Les partis de l'opposition ont exprimé leur crainte face aux manifestations dirigées par les Frères musulmans qui peuvent nuire à la stabilité du pays et l'entraîner dans "un nouveau conflit politique" général. Dans un communiqué publié jeudi, le Front du salut national qui compte plusieurs leaders de l'opposition a dénoncé cette campagne féroce menée par les Frères musulmans contre le pouvoir judiciaire visant à le soumettre à leur domination. De son côté, le parti Eddoustour conduit par Mohamed el-Bradei, coordonnateur du front du salut, a estimé que l'appel des Frères musulmans à manifester vendredi devant le bureau du procureur général relevait d'une tentative de faire passer des lois non consensuelles à travers le conseil de la choura (consultatif) "très contesté" en vue de se débarrasser de beaucoup de figures de la justice égyptienne et soumettre cette dernière à leurs "intérêts personnels". Pour sa part, le courant populaire de l'opposition dirigé par Hamdine Sabahi, du front du salut a établi le lien entre l'appel des Frères musulmans et les déclarations de leur ex-guide général Mahdi Akef pour mettre en retraite quelque 3000 magistrats. "Il est clair que les Frères musulmans visent à travers ce nouveau scénario à imposer leur suprématie sur le pouvoir judiciaire et influer sur le pouvoir exécutif", a-t-il mis en garde. Il s'est dit en faveur de "l'assainissement des institutions de l'Etat" mais par "des voies constitutionnelles et légales". De son côté, l'union de la jeunesse de la révolution a qualifié cette manifestation de "ridicule" accusant les Frères musulmans de manifester contre eux-mêmes pour jouer le rôle de l'opposition alors qu'ils sont au pouvoir". Selon Mahmoud Hussein, secrétaire général du mouvement des Frères musulmans, cette manifestation vise à revendiquer "l'application de la loi qui consacre l'indépendance du pouvoir judiciaire" et "l'assainissement des institutions de l'Etat notamment des symboles de l'ancien régime".