Plusieurs experts de l'ONU ont appelé mercredi les Etats-Unis à respecter et assurer les droits à la vie, à la santé et à l'intégrité physique et morale des détenus de la prison de Guantanamo, alors que plusieurs d'entre eux sont en grève de la faim pour protester contre leur détention arbitraire. Cet appel a été lancé au lendemain de la déclaration du président américain Barack Obama qui avait affirmé, lors d'une conférence de presse, qu'il allait poursuivre ses efforts pour la fermeture de la prison de Guantanamo, alors qu'il fait face à l'opposition du Congrès ainsi qu'à des problèmes diplomatiques et juridiques autour de ce dossier. ''A Guantanamo, la détention indéfinie d'individus pour la plupart jamais inculpés est source de souffrances, de stress, de peur et d'anxiété, et constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant'', a affirmé le Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Juan Mendez, cité par l'ONU. De son côté, le Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme et la lutte antiterroriste, Ben Emmerson, a rappelé que le gouvernement américain avait reconnu qu'au moins 86 prisonniers de Guantanamo ont été autorisés à être transférés. ''Cela signifie que toutes les agences du gouvernement ont confirmé que ces détenus ne présentaient pas de risques particuliers pour la sécurité des Etats-Unis'', a-t-il précisé. Parmi ces 86 prisonniers, ''56 sont des ressortissants yéménites privés de liberté uniquement en raison de leur nationalité et de la situation politique dans leur pays. Il s'agit-là d'une violation flagrante du principe de non-discrimination et leur détention est donc arbitraire et contraire au droit international'', a plaidé, de son côté, le président-rapporteur du Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire, El Hadji Malik Sow. Alors qu'un nombre de détenus se sont lancés dans une grève de la faim, le Rapporteur spécial sur le droit à la santé, Anand Grover, a souligné quant à lui que le personnel soignant ne peut alimenter les détenus sous la contrainte. ''Le personnel soignant ne peut exercer de pression sur des individus ayant décidé faire une grève de la faim et il n'est pas acceptable de faire usage de menaces ou de la force, ou de tout autre forme de coercition physique ou mentale à leur encontre'', a affirmé M. Grover. Dans ce sens, ces experts ont exhorté les Etats-Unis à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la détention arbitraire, libérer les détenus concernés ou les poursuivre en justice dans le cadre d'une procédure régulière et dans le respect des droits de l'homme, permettre la surveillance par des organisations internationales des droits de l'homme de la situation à Guantanamo et œuvrer à la fermeture, dans les meilleurs délais, de ce centre de détention. Ils ont aussi fait savoir qu'au cours de la dernière décennie, nombre d'entre eux ont demandé de manière répétée l'accès à la base navale de Guantanamo et la possibilité de s'entretenir avec les détenus mais leur demande a été systématiquement rejetée par le gouvernement américain. Mardi dernier, le président Obama avait estimé que ''Guantanamo n'est pas nécessaire pour la sécurité de l'Amérique. Cela coûte cher. C'est inefficace", ajoutant que que cela affecte aussi l'image des Etats-Unis et "entrave la coopération antiterroriste" et constitue un "outil de recrutement pour les extrémistes".