La communauté internationale a multiplié les appels à éviter toute escalade après la série d'agressions israéliennes lancées récemment en Syrie, qui constituent, selon plusieurs pays, "une violation des conventions et de la loi internationale". La Turquie, a, par la voix de son Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, dénoncé mardi les raids israéliens visant son voisin syrien, les qualifiant d'"inacceptables". "Aucun prétexte ne peut justifier cette opération", a-t-il dit lors d'un discours au parlement. Pour le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, l'attaque israélienne lancée ces derniers jours contre plusieurs sites en Syrie "est une agression flagrante contre un Etat membre des Nations Unies et un acte grave condamnable par tous les pays qui s'attachent à la sécurité et à la paix internationales". Au Liban, également voisin de la Syrie, le président Michel Sleimane, a vivement dénoncé les raids israéliens, les qualifiant d'"agressions criminelles". Il a exhorté, à cet effet, le Conseil de sécurité de l'ONU à prendre des "mesures fermes" à l'encontre d'Israël pour le contraindre à respecter les résolutions internationales. Les agressions israéliennes en Syrie ont également suscité de vives réactions en Amérique Latine : Ainsi, le Venezuela et Cuba ont "vivement" condamné les raids israéliens soulignant que ces agressions "constituent une violation des conventions et de la loi internationale", selon l'agence de presse syrienne, Sana. Le Venezuela a exprimé aussi son inquiétude devant les retombées de cette agression sur la paix et la stabilité au Moyen-Orient et la sécurité internationale. Pour Cuba, cette agression "aggrave davantage la stabilité dans la région". La communauté internationale doit "œuvrer rapidement pour empêcher la détérioration de la crise en Syrie", selon le ministère cubain des Affaires étrangères. Damas déterminé à riposter aux agressions israéliennes Après avoir réaffirmé que l'"agression israélienne criminelle contre des sites en Syrie démontre la nature des objectifs liant Israël aux groupes terroristes en Syrie", le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a affirmé que son pays "a le droit de riposter aux agressions israéliennes". "Cette agression confirme l'implication d'Israël et de ceux qui le soutiennent,... dans l'effusion du sang syrien", a dit le ministre syrien au cours d'un entretien téléphonique lundi soir avec son homologue russe, Serguei Lavrov. Ce dernier a, de son côté, affirmé l'attachement de son pays à la stabilité de la Syrie, se disant "inquiet" de la violation par Israël de la souveraineté et du territoire syriens. Pas de preuves sur l'utilisation d'armes chimiques En plus des agressions israéliennes, la tension s'est accrue en Syrie après les informations selon lesquelles les parties en conflit auraient eu recours à des armes chimiques. Mais la Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie a affirmé lundi qu'aucune preuve n'avait pu être établie sur l'utilisation d'armes chimiques par le gouvernement et les rebelles en Syrie. La Commission "n'a pas atteint des résultats permettant de conclure que des armes chimiques ont été utilisées par les parties au conflit" en Syrie, indique la Commission dans un communiqué. Cette déclaration intervient alors qu'un membre de cette même Commission, Carla del Ponte, avait affirmé auparavant que les rebelles syriens avaient fait usage de gaz sarin. "Selon les témoignages que nous avons recueillis, les rebelles ont utilisé des armes chimiques, faisant usage de gaz sarin", avait déclaré Mme del Ponte. Dans ce même contexte, le gouvernement iranien a estimé mardi que certains pays occidentaux soutenaient les "groupes terroristes" qui opèrent en Syrie avec des armes chimiques. "Parmi les victimes des crimes commis par des groupes armés en Syrie figurent des gens innocents qui défendent leur pays et ne veulent pas collaborer avec les terroristes. Des femmes et des enfants en Syrie sont tués par plusieurs types d'armes, dont des armes chimiques qui tombent entre les mains des terroristes avec le soutien des pays occidentaux", a indiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast. Selon Damas, les rebelles ont utilisé des armes chimiques le 19 mars dernier dans la province d'Alep. Pour sa part, l'opposition affirme que les forces gouvernementales ont eu recours aux armes chimiques à Homs (centre) en décembre 2012. Le conflit syrien a fait plus de 70.000 morts et plus d'un million de réfugiés depuis son déclenchement le 15 mars 2011, selon les estimations de l'ONU.