Les massacres du 8 mai 1945 perpétrés dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata et dans d'autres régions d'Algérie furent le signal du déclenchement de la révolution nationale et le début de la fin de l'occupation française en Algérie, ont affirmé mercredi à Alger les participants à une conférence sur le mouvement national algérien. Ces massacres furent de véritables «crimes contre l'humanité» et «un tournant décisif pour le déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954», a-t-on souligné lors de cette conférence, organisée à l'occasion du 65e anniversaire de ces massacres. Le moudjahid Omar Bentoumi, l'une des figures du mouvement national, a indiqué que les évènements du 8 mai 1945 furent une étape importante pour le resserrement des rangs au sein des organisations du mouvement national et la préparation de la lutte armée pour l'indépendance. Ces évènements sanglants furent «le principal moteur pour la déclenchement de la révolution nationale, le 1er novembre 1954, qui a mené à l'indépendance du pays le 5 juillet 1962», a-t-il dit. «Ces massacres, qui ont endeuillé les régions de l'Est algérien, ont permis le transfert du mouvement national de sa dimension politique à sa dimension militaire, à travers la création de l'Organisation spéciale (OS) en 1947, sous la direction de Mohamed Belouizdad», a-t-il affirmé. Témoignages vivants à l'appui, le conférencier a rappelé les actes de répression commis par les forces d'occupation française en Algérie, depuis 1830. Il a évoqué les résistances populaires menées par le peuple algérien et le rôle du mouvement nationaliste dans le déclenchement de la révolution nationale. Passant en revue les massacres du 8 mai 1945, M. Bentoumi a rappelé que les manifestations organisées par le mouvement national dans plusieurs régions du pays, notamment à Guelma, Sétif et Kherrata, étaient d'ordre «pacifique» et «avaient pour objectif la célébration de la victoire des forces alliées sur le nazisme, la revendication de l'indépendance nationale et la libération des dirigeants du mouvement national détenus dans les prisons coloniales». La colonisation a réprimé violemment ces manifestations, «faisant plus de 45 000 martyrs, 10 000 prisonniers et la condamnation à mort de plusieurs manifestants», a-t-il précisé. Le moudjahid Saci Benhamla, l'un des membres du Parti du peuple algérien (PPA), témoin des massacres de Guelma et membre de l'Association du 8 Mai 1945, a présenté des témoignages vivants sur les massacres perpétrés par l'armée d'occupation française contre des citoyens innocents et désarmés dans la région de Guelma. Dans le même contexte, l'intervenant a indiqué que l'armée coloniale a massacré «près de 12 000 citoyens lors des manifestations du 8 mai 1945 dans la seule région de Guelma», soulignant l'importance de «transmettre le message de la révolution aux générations montantes aux fins de sauvegarder la mémoire nationale». Les autorités coloniales se sont débarrassées des cadavres des victimes des massacres du 8 mai 1945 à Guelma «en les brûlant dans des fours à chaux» à Héliopolis, a-t-il rappelé. De son côté, M. Amer Rkhila, enseignant universitaire, a qualifié les massacres du 8 mai 1945 de «crimes contre l'humanité autour desquels un black-out médiatique a été observé par la France». Toutefois, ces pratiques inhumaines utilisées par la France pour faire avorter les tentatives de lutte n'ont fait que renforcer l'attachement des Algériens au droit. Les participants à cette conférence ont enfin appelé la France à reconnaître tous ses crimes commis contre le peuple algérien. R. I.