Un chercheur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), le Dr. Hocine Taoutaou, a affirmé, lundi à Mila, que des données chronologiques fiables confirment que la mosquée Sidi Ghanem, à Mila, est la plus ancienne d'Afrique. Intervenant lors d'un colloque national consacré à la mosquée "Abou El Mouhadjer Dinar" (en réference à l'un des compagnons du prophète Mohamed), connue sous le nom de "Mosquée de Sidi-Ghanem", le Dr. Taoutaou a souligné que la construction de cet édifice remonte au 8e siècle de l'ère chrétienne. "C'était, à l'origine, une modeste construction, reconstruite, selon le voyageur Abou Obeid el Bekri (1028-1094) sans qu'il n'y ait eu de changements notables dans sa conception originelle pendant les périodes turque et française", a-t-il précisé en déplorant que ce monument historique mis au jour en 1968, n'ait pu bénéficier d'études qu'il mérite. Ce colloque organisé par la direction des Affaires religieuses vise "à donner à cette mosquée l'importance qu'elle mérite, en répondant aux questions que se posent les hommes du culte, les historiens et les archéologues", soulignent les organisateurs. De son côté, Ismaïl Samaï, professeur d'histoire et de civilisation musulmane à l'université Emir-Abdelkader de Constantine, a indiqué que le choix de Mila, qualifiée de "deuxième Carthage" par Abou El Mouahdjer Dinar, était motivé par des considérations économiques en prévision de la poursuite des Foutouhate qui le conduiront jusqu'à Tlemcen. Pour sa part, Alloua Amara, de la faculté des lettres et des sciences islamiques de Constantine, intervenant sur le thème "Abou el Mouhadjer Dinar, entre les récits arabes et les lectures orientalistes... images et perspectives", a récusé la thèse selon laquelle la mosquée daterait de l'époque d'Abou El Mouhadjer Dinar, estimant qu'"il n'y a pas lieu d'effacer le nom de Sidi-Ghanem". D'autres débats autour de cette mosquée datant de plusieurs siècles, marqueront la deuxième journée du colloque, demain mardi, animés par des spécialistes en histoire, en archéologie et en sciences islamiques.